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rarement elle ne commence par un ton t. Ces principes connus, ilreste
encore une quantite de regles d'un ordre secondaire que ces artistes
du moyen age ont. scrupuleusement. observees. Nous en citerons quel-
ques-unes. Le bleu intense etant dur et froid, les peintres l'ont souvent
un peu Verdi, et l'ont releve par des semis d'or; puis ils y ont presque
toujours accole un rouge vif (vermillon), puis apres le rouge un vert
telair ou mente un blanc bleui ou verdi, des "traits noirs separant. d'ail-
leurs chaque ton et chaque couleur. Le bleu en contact. (lirect. zivec le
jaune produit un effet louche, le rouge ou le pourpre a ete interpose.
Lebleu gris ardoise peut seul se coucher sur une surface jaune. Le vert,
est souvent mis en contact. direct avec le bleu, et c'est une flissonance
dont on a tire parti avec une adresse rare, mais alors le vert incline
au jaune ou au bleu, il n'est pas franchement vert; si le vert est en
contact avec le jaune, cette (lerniere couleur est orangee et le vert est
clair, ou le jaune est limpide et le vert est sombre. Les pourpres qui,
comme surface, ont. la valeurä, et qui par consequent doivent occuper
le moindre champ dans la (lecoration peinte, ne s'approchent. jamais
du violet: ce ton faux etant absolument exclu, il incline vers l'orange
ou la garance. Nous avons souvent observe combien la nature estinge-
nieuse dans la combinaison harlnonique des tons des plantes: ainsi sur
dix geraniunls ou dix roses tremieres qui auront des fleurs de rouges
et de pourpres differents, nous verrons dix tons verts (litiercnts pour
les feuilles, tons verts combines chacun pour le rouge ou le pourpre
qu'ils entourent. Les peintres du mojfen age avaient-ils etutlie les se-
crets de l'harmonie des tons sur la nature ? Nous ne savons; mais com-
ment se t'ait-il que ces secrets soient perdus, ou que les femmes seules
les possedent encore lorsqu'il s'agit, de leurs toilettes? Que s'il faut
peindre une salle, nos artistes semblent appliquer au hasard des cou-
leurs, des tous, produisant dans l'ensemble une harmonie presque
toujours fausse ? est-ce defziut de principes, de traditions, de pratique ?
ll est certain que dans l'art difficile de la (lecoration peinte, l'instinct
ne suffit pas, connue plusieurs le pensent, et que dans cette partie im-
portante de l'architecture, le raisonnement et le calcul interviennent
comme dans toutes les autres. a (lefziut d'une longue: suite iletraditions.
La jueinture decoralive la plus simple. celte qui demainde le moins
de combinaisons, est celle qu'on obtient. avec l'ocrejaune,l'ocre rouge
ou brun rouge, le noir, le blanc et le compose des deux, le gris. Cette
peinture n'est, pour ainsi dire, qu'un dessin, une grisaille chaude de
lOH, cependant elle peutproduire des effets tires-varies deja. L'offre
jaune et Focre rouge sont deux couleurs de la meme famille, pourainsi
' La sainte Chapelle du palais prüscnte le plus curieux exemple de cette fichelle chro-
matique. Malgrü (le nombreuses et larges (races des tons anciens, lors de la restauration
des peintures, les difücultfäs ont fit? nümbrcuscs; il est des tons qu'il a fallu refaire bien
ÜÜS fOiS, ct faute d'une expäricnce consommäc. En couchant un ton dont la trace dtait
cÜ-Pffline, il u fallu souvent changer la valeur des tous supürieurs on infärieurs.