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de Cennino Cennini. D'ailleurs comment des artistes qui couvraient en
peu de temps des surfaces trizs-etendues ziuraient-ils eu le temps de faire
des cartons; tout au plus pouvaient-ils preparer des maquettes a une
echelle reduitePendzint les Xneet Xllle siecles, les traits graves dans l'en-
duit frais ne se voient quexceptionnellenient, et ces traits indiquent
toujours le decalque d'un carton; on zipereoit souvent au contraire des
traits legers faits au pinceau, couverts de la couche colorante sur la-
quelle le trait definitif, qui est une facon de modele, vient s'apposer.
(le trait definitif corrige, rectifie l'esquisse primitive, la modifie meme
parfois completement, et nous ne connaissons guere de peinture des
xnc, xnieet XIVC siecles sans repentirs.
Les peintres du xue siecle employaient plusieurs sortes de peintures:
la peinture a fresque, la peinture a la colle, a l'oeuf, et la peinture
a l'l1uile.Gette derniere, faute d'un siccatif, ifetait toutefois employee
que pour de petits ouvrages, (les tableaux sur panneaux qu'on pouvait
facilement exposer au soleil. Pour l'emploi de la peinture a fresque,
vfest-a-dire sur enduit de mortier frais,l'artiste commencait, ainsi que
nous venons de le dire, par tracer avec de l'ocre rouge delayee dans
de l'eau pure les masses de ses personnages,puis il posait le ton local
qui faisait la demi-teinte, par couches successives, melant de la chaux
au ton; il modelait les parties saillanles, ajoutant une plus grande
partie de chaux a mesure qu'il arrivait aux dernieres couches; puis,
avec du brun rouge inele de noir, il redessinait les contours, les plis,
les creux, les lineaments interieurs des nus ou des draperies.
Cette (iperzilion (levait etre faite rapidement, afin de ne pas laisser
seclier completement. l'enduit et les premieres couches. Cette facon
de peindre dans la päte donne une douceur et un cclat particuliers a ce
genre de travail, et. un modele qui, d'un bleu intense,arrivant, par
exemple sur les parties saillantes ou claires, au blanc presque pur, n'est
ni sec, ni criard; chaque ton superpose s'embuvant dans le ton inferieur
et y participant. L'habilel.e du praticien consiste a connaitre exactement
le (legre de siccite qu'il faut laisserprendre a chaque couche avant d'en
"PDOsci' une nouvelle. Si cette couche est trop humide, le ton appose la
(letrempe de nouveau et fait avec elle une boue tachee, sale ; si elle est
11'011 seche, le ton oppose ne tient pas, ne s'emboit pas, et forme un
cerne sombre "sur son contour. Le trait noir brun, si necessaire, et qui
ifCcuse les silhouettes et les formes interietnfes, les ombres, les plis,etc.,
elait souvent place lorsque le modele par couches successives etait sec,
iffill d'obtenir plus de vivacite et de nettete. Alors on le collait avec de
L Ovufou de la colle de peau. Aussi voit-on souvent, dans ces anciennes
ffeäqlles, ce trait. brun se detaclier par ecailles et ne pas faire corps
ÜVOC l'enduit.
L'emploi de la chaux comme assiette et meme comme appoint lumi-
"ÜUX dans chaque ton, ne permettait au peintre que l'usage de certaines
couleurs, telles que les terres, le cobalt bleu ou vert. Cette obligation
fleffffllployierque les terres et un tries-petit nombre de couleurs mine-