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accessoires, arbres, palais, batiments, etc., sont deja traites diune
maniere plus reelle; la perspective lineaire est quelquefois cherchee;
quanta la perspective aerienne, on n'y songe pointencore. Les etotfes
sont rendues avec adresse, les chairs tres-delicatement. modelees ; l'or
se mele un peu partout, aux vetements, aux cheveux, aux details des
accessoires, et l'on ne _voit pas de ces sacrifices consideres comme
necessziires, avec raison, dans la peinture de tableaux. L'accessoire le
plus insignifiant est peint avec autant de soins, et tout autant dans
la lumiere que le personnage principal. C'est la une des conditions de
la peinture monumentale. Sur les parois d'une salle vues toujours
obliquement, ce que l'oeil demande, c'est une harmonie generale sou-
tenue, une surface egalement solide, egalement. riche, non point des
percees et des plans (lerobes par des tons sacrifies qui derangent les
proportions et les parties de l'architecture. (les donnees generziles
etablies,nous passons a Petude des styles de la peinture de sujets et a
celle des procedes employes.
Nous l'avons dit plus haut, les peintures les plus anciennes que nous
possedions en France, presentantun ensemble passablement complet,
sont celles de Peglise de Saint-Savin,_pres de Poitiers. Dans ces pein-
tures, ainsi que nous l'avons encore avance, bien qu'on retrouve les
traditions de Fecole byzantine, on observe cependant une certaine
liberte de composition, une etude vraie du geste, une tendance dra-
matique, qui niexistent plus dans la peinture grecque du x1" siecle,
Fivee alors a des types invariables. Dans les fresques de Saint-Savin,
51 Cote d'un personnage represente evideninient suivant une tradition
hieratique, l'artiste a donne a des groupes de figures des attitudes etu-
diees sur la nature. Quelques scenes ont meme un mouvement dra-
lnatique tres-energiquement rendu, malgre l'imperfection et la gros-
sierete du dessin. Nous citerons, entre autres, les scenesdeFApocalvpse
peintes sous le porche; dans Feglise, sous la voüte, Potfrande de Gain
et d'Abel, la fuite en lilgypte, la construction de la tour de Babel,
l'ivresse de Noe, les funerailles d'Abraham (fig. l); Joseph vendu par
Ses freres; Joseph accuse par la femme de Putiphar. Dans ces compo-
sitions on remarque de la grandeur, un sentiment vrai,puissant, des
hardiesses rneme, qui font assez voir que cette ecole du Poitou ne
S0 bornait pas a la reproduction seche des peintures byzantines. Plus
tard cependant, au xue siecle, nous retrouvons des peintures fran-
Qaises se soumettant scrupuleusement auxtraditions grecques: telles
Sont celles de la chapelle du Ligetl, dont le dessin, les types, les com-
POSÜÄOHS, le modelä, S6 rapprochent exactement de Fecole de Byzancef,
au point qu'on les pourrait attribuer a un artiste de cette ecole.
Dans les peintures de la chapelledu Liget, si l'art est soumis a une
' Däpartement cflndre-et-Loire.
' Voyez les copies de ces peintures, fuites avec un soin sen
(Archives des monuments historiques).
Llpulcux par M.
Savinicn Pctit