[ PEINTURE ] 66
tres de nos arlisles occidentaux; mais en Green (nous parlons de la
Gi-äce byzantine) la peinture a conserve une forme hieratique dont chez
nous on siest alfranchi rapidement. Au xlue siecle deijil Guillaume Du-
raud, eväque de Mende, ecrivuit dans son Ifationale dzfvinoruvn officia-
rum en citnntun passage d'Horace: a Diverses historia? tam Nom" guam.
a Veteris Testamenti pro voluntate pictorum depinguntzer; nam
a pictoribus atquc poetis,
Quidliljet audendi semper fuit mqua potestas.
Cet hommage rendu ä la liberte qui doit etre laissee a l'artiste fait.
un etrange contraste avec la rigueur des traditions de Fecole byzan-
tine, conservties presque intactes jusqukt nos jours? Dans le style
aussi bien que dans le faire et les procedes des peintures produites
en France pendant les x16 et xue siecles, on reconnait exactement les.
enseignements de Denis : l'auteur grec du Guide de la peinfzzrv. Nous
retrouvons les recettes de ce inaitre grec du x1" siecle dans le traite-
du moine Tlieopliilefl (xne siecle), et meme encore dans l'ouvrage
du peintre italien Gennino Gennini, qui vivait au xive sit-clet; mais
si les artistes du moyen fige conserverent longtemps les procedes
fournis par Fecole byzantine, ils satfranchirent,tries-prompteinent des.
traditions hieraliques, disons-nous, et chercherent. leurs inspirations
dans Fobservatioii de la nature. Toutefois (et cela est a remarquer), en
donnant au style de leurs oeuvres un caractere de moins en moins tra-
ditionnel, nos artistes occidentaux, surtout en France, surent laisser
aleurs peintures une harmonie decorative jusque vers le milieu du
xve siecle, en maintenant le principe du dessin enluminei etleägerement
' Liv. I", chap. m.
' Voyez a cc sujct le Manuel (l'iconographie chretiertne, traduit du manuscrit byzantin,
le (hiide {le la peinture, par le docteur Paul Durand, avec une introduction et des notes-
de M. Didroil. L'auteur dc ce guide, Denis, vivait au Xle sieclc.
HLÜ canon suivant n, dit M. Ditlron dans une de ses notes (Introduction, p. vlil),
a du second concile de Nicec, compare au passage de Fevequc de Monde, exprime 51
(t merveille la condition de dependance ou vivaient les artistes grecs... a Non est imagi-
a num structura pictorum iuventio, sert Ecclesiw catholicaa probata legislatio et trarlitio.
eNam quoil vctustatc excellit vcnerandum est, ut inquit ilivus Basilius. 'l'cslatnr lioc
aipsa rcrum illlliqllilllS et patrum nostrorum, qui Spiritu sancto feruntilr, doctrina.
a Etenim, cum lias in sacris templis conspieerent, ipsi quoque animo propcnso veneranda
a templa exstrucntes, in eis quidem gratas orationcs suas et incruenta sacrilicia Dco om-
a nium rcrum lIOIÜiIIO otferunt. Atqui consilium et trarlitio ista non est pictoris (cjus enim
(15010. ars est), vcrum ordinatio et dispositio patrum nostrorum, quae tedilicaveruut. n
(SS. Concil. Phil. Labbe, t. VII, Synnd. Nicaana II, actio v1, col. 831 et 832.) De fait, le con-
cile de Nicec n'avait pas tout a fait tort, et les plus belles peintures byzantines connues
sont incomparablement les plus anciennes.
3 Divcrsarizm artiuizz Schczlzzla, publ. par M. le comte de Plüscalopicr, 1843.
' Voyez Fedition de cet ouvrage donnee a Rame, en 1821, par le chevalier Guiseppe
Tambroni.