51 [ PEINTURE ]
tal: temoin les hlaures cllispagne, gens trcs-civilises, qui ont produit
en l'ait de peinture appliquee a l'architecture d'excellents modeles; et
de ce que l'art du lueintre, comme on l'entend depuis le xvi" siecle,
arrive aun degre tres-elevfe de perfection, on ne puisse en meme temps
possedei- une peinture architectonique : temoin les Venitiens des xvc
et xvr siecltäs. Une seule conclusion est a tirer des observations pre-
ccdentes: c'est que l'art du peintre de tableaux et l'art du peintre
applique a l'architecture procedent. (litiei-eiiiiricnt ; que vouloir meler
ces deux arts, c'est tenter l'impossible. Quelques lignes suffiront pour
faire ressortir cette impossibilite. Qu'est-ce qu'un tableau? (l'est une
scenc qu'on fait voir au spectateur a travers un cfadre, une fenetre
ouverte. Unitc de point de vue, unite de (lirection de la ln1nierc,unite
(l'e1l'ct. Pour bien voir un tableau, il n'est qu'un point, un seul, place
sur la perpendiculaire elevee du point de l'horizon qu'on nomme point
visuel. Pour tout oeil dclicat, regarder un tableau en dehors de cette
condition unique est une. souttrancc, tzomme c'est une torture de se
trouver devant une decoration de theatre ait-dessus ou au-dessous de
la ligne de l'horizon. Beaucoup de gens subissent cette torture sans
s'en douter, nous Tadmettons; mais ce n'est pas sur la grossiärrete des
sens du plus grand nombre que nous pouvons etablir les regles de l'art.
Partant donc de cette condition rigoureuse imposee au tzibleziu, nous
ne comprenons pas un tableau, (fest-it-dire une scene representee
suivant les rltglcs de la perspective, de la lumiere et de l'effet, place
de tellc faqon que le spectateur se trouve a fi- ou ES metres au-dessous
de son horizon, ct bien loin du point de vue adroite ou a gauche. Les
cpoques brillantes de l'art n'ont pas admis ces fäimririittis : ou- bien les
peintres (comme pendant le mo_ven tige) n'ont tenu compte, dans les
sujets peints a toutes hauteurs sur les murs, ni d'un horizon, ni d'un
lieu reel, ni de l'etl'et tierspetztif, ni d'une lmniere unique; ou bien ces
peintres (comme ceux du xvi" et du xvnc siecle) ont itesoltfnncntaborde
la (lifficulte en tracant les scenes qu'ils voulaient representer sur les
parois ou sous le plafond (l'une salle, (läiprirs une perspective unique,
supposant que tous les personnages ou objets que l'on montrait au
spectateur se trouvaient disposes reellement, on on tigurait, et se
presentaient par consequenl sous un aspect determinti par cette place
mcmc. Ainsi voit-on. dans des plafonds de cette epoque, des person-
Üilisftfä IMP la plante des pieds, certaines figures dont les genoux cachent
la poitrine. Natturellemenl, cette faicon de tromper l'oeil eut un grand
succes. Il est clair cependant que si, dans cette matnitrre de decoration
monumentale, l'horizon est suppose place, 212 mctres du sol, a la hauteur
reelle de l'util du spectateur, il ne peut y avoir sur toute cette surface
horizontale supposee a 2 metres du pave, qu'un seul point de vue. Or,
du moment, qu'on sort. de ce point unique, le trace perspcclit" de toute
la (ltäcoration (levient faux, toutes les lignes paraissent danser et don-
nent le mal de mer aux gens qui ontpris l'habitude de vouloir se
rendre compte de ce que leurs yeux leur font percevoir. Quand l'art