PEINTURE
decoration peinte parait avoir ete longtemps pratique dans les Gaules
etjusquau moment ou Gharlemagne tit venir des artistes d'ltalie et
(FOrienI. Cette (lerniere influence etrangere ne fut pas la seule cepen-
dant, qui dut (zonduire a l'art de la peinture monumentale, tel que nous
le voyons se cleveltippei- au xue siecle. Les Saxons, les Normands, cou-
vraient. (tornements peints leurs maisons, leurs ustensiles, leurs armes
et leurs barques; et il existe dans la bibliothcque du Musee Britan_
nique des vignettes de nlanuscrits saxons du x18 siecle qui sont, comme
dessin, comme finesse dexecution et comme entente de l'harmonie
des tons, d'une beaute surprenantek Cet art venait evidemment de
l'inde septentrionale, de ce berceau commun a tous les peuples qui
ont su harmoniser les couleurs. La facilite avec laquelle les Normands,
a peine etablis sur le sol de la Gaule, exercerent et developperent
meme l'art de l'architecture, la faeon de vivre deja raftinee a laquelle
les Saxons etaient arrives en Angleterre au moment de l'invasion de
Guillaume le Batard, indiquent assez que ces peuples avaient en eux
autre chose que desinstincts de pillards, et qu'ils provenaient de
familles posscdant depuis longtemps certaines notions d'art. Mais
il est necessztire de bien s'entendre sur ce qu'est l'art. de la peinture
applique a l'architecture. De notre temps on a mis une si grande
confusion en toutes ces questionstlltrt, qu'il est: bon de poser d'abord
les principes. (le qu'on entend par un peuple de coloristes (pour me
servir d'une expression (zonsacree, si mauvaise qu'elle soit), c'est-a-
dire les Venitiens, les Flamands par exemple, ne sont. pas du tout colo-
ristes a la facon (les populations du 'l'ibet, des Hindous, des Chinois,
des Japonais, (les Persans et nieme des tllgyptiens de Fantiquite. Obte-
nir un effet saisissant dans un tableau, par le moyen de sacrifices habi-
lement faits, d'une exagerzttion de certains tons donnes par la nature,
d'une entente tifes-delicatte, des demi-teintes, comme peuvent le faire,
ou Titien, ou Rembrztntlt, ou Metzu, et faire un chale du 'l'ibet, ce sont
deux operations tires-distinctes de l'esprit. Il n'y a qu'un Titien, il n'y
a qu'un Itembrandt et. qu'un Metzu, et tous les tisserands de l'Inde
arrixfent a faire des echarpes de laine qui, sans exception aucune, don-
nent des assemblages harmoniques de couleurs. Pour qu'un Titien ou
qu'un Relnbrandt se (leveloplae, il faut: un milieu social tzxtremeinent
eivilise de tous points; mais le Tibetztin le plus ignorant, vivant dans
une cabane (le bois, au milieu d'une famille miserable comme lui,
tissera un chale dont le riche assemblage de couleurs charmera nos
yeux et ne pourra ctre quimpai-faitenient imite par nos fabriques les
mieux dirigees. Ijetat plus ou moins barbare d'un peuple, a notre
point de vue, n'est donc pas un obstacle au developpementctune cer-
taine partie de l'art de la peinture applicable a la decoration monu-
mentale; mais il ne fautpas conclure cependant de ce qu'un [ieuple
est trcs-civilise, qu'il ne puisse arriver ou revenir a cet art monumen-
Voyez, entre autres, le manuscr. de 1a biblioth.
CotL.
Nero, D.
IV, Evzmg.