57 [ PICINTURE ]
tout Feclat qu'elles avaient anciennementM. Cet uäälgft (le peindre
les editices fut continue pendant toute la periode carlovingienne, et
Frodoard nous apprend que Feveque Hincmar, reconstruisant la cathe-
drale de Reims, a orna la voüte de peintures, eclaira le temple par des
fenetres vitrees, et le fit paver de marhreiv. Les recherches fatites sur
l'architecture dite romane constatent que la peinture etait consideree
comme Tachevelnent necessaire de tout editice civil et religieux, et
alors s'appliquait-elle de preference a la sculpture d'ornement on a la
Stafllflife, flux Inoulures et profils, comme pour en faire ressortirtim-
portance et la valeur. Toutefois, des que celte architecture prend ull
caractere original, qu'elle se degage des traditions gallo-romaines,
dest-a-dire vers la tin du x10 siecle, la peinture s'y applique suivant
une methodc particuliere, comme pour en faire mieux saisir les pro-
portions et les formes. Nous ne savons pas lrop comment, suivant
quel principe, la peinture couvrait les monuments carlovingiens en
Occident, et nous n'avons guere, pour nous guider dans ces recher-
ches, que certaines eglises d'ltalie, comme Saint-Vital de Ravenne,par
exemple, quelques mosaiques existant encore dans des basiliques de
Home ou de "Venise; et dans ces restes l'effet des colorations obte-
nues au moyen de ces millions de petits cubes de verre ou de pierre
dure juxtaposes, n'est pas toujours d'accord avec les formesde l'archi-
tecture. D'ailleurs Ce mode de coloration donne aux parois, aux ventes,
un aspect metallique qui ne s'harmonise ni avec le marbre, ni, a plus
forte raison, avec la pierre ou le stuc des colonnes, des piliers, des
bandeaux, soubassements, etc. La mosaique dite byzantine a toujours
quelque chose de barbare; on est surpris, preoccupe; ces tons d'une
intensite extraordinaire, ces reflets etranges qui nlodifientles formes,
qui detruisent les lignes, ne peuvent convenir a des populations pour
leäquclles l'architecture, avant tout, est un art de proportions et de
(iomhinaisons de lignes. Il est certain que les Grecs de Pantiquite, qui
Cependant regardaient la coloration comme nccessaire a l'architecture,
litaienttrop amants de la forme pour avoir admis la mosaique dite byzan-
tine dans leurs monuments. Ils ne connaissaient la peinture que
comme une couverte unie, mate, fine, laissant aux lignes leur purete,
les accentuant meme, exprimant les details les plus delicats.
La peinture appliquee a l'architecture ne peut proceder que de deux
lnzinieres: ou elle est soumise aux lignes, aux formes, au dessin de la
Structure; ou elle n'en tient compte, el s-"etend independante sur les
PäPOiS, les ventes, les piles et, les profils.
Dans le premier cas, elle fait essentiellement partie de l'architec-
ture; dans le, second, elle devient une decoration mobiliere, si l'on
' K Basilicas sancti Pcrpetui adustas incendie reperi, quas in illf
Il exomari, ut prius fuerant, artificum nostrorum opcrc, impcravi.
ä 19.)
' Frodoard, Hist. de Pdglise de Reims, chap. v.
nitore vel pingi, vcl
(Lib. X, cap. xxxx,