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voit encore de ces margelles dans nos cloitres ou nos vieux palaisl. La
figure l presente l'une d'elles, appartenant au xme siecle.
Sur les places des villes on creusait de larges puits, si la situation
des localites ne permettait pas Fetablissement d'une fontaine. Un des
plus remarquables ouvrages en ce genre est le puits principal de la cite
de Garcassonne. Le forage de ce puits est fait a travers un enorme banc
de gres, et remonte vraisemblablement a une assez haute antiquite.
Son (liametre interieur est de 2'257. La profondeur actuelle est de
il est souvent a sec et en partie comble. Une vieille tradition pre-
tendait qu'avant d'abandonner Garcassonne, les Wisigoths avaient
jete dans ce puits une partie de leurs tresors ; mais les fouilles faites
a diverses reprises, et notamment depuis peu, n'ont fait sortir du
gouffre que de la vase et des debris sans valeur. Ce puits est aujour-
d'hui couronne par une margelle du xiv" siecle, de gres, dont la dispo-
sition est curieuse. Le bahut de gres, d'un metre de hauteur et de
0m22 (Fepaisseur, supporte "trois monolithes qui etaient reliees a leur
sommet par trois poutres (fig. 2). A chacune de ces poutres etait sus-
pendue une poulie. Ainsi, trois personnes en meme temps pouvaient
puiser de l'eau. En A, est trace le plan de ce puits; en B, son ele-
vationg.
Dans la meme cite, sur une petite place, il existe un autre puits ega-
lcment creuse dans le roc, mais d'un plus faible diametre, dont la
margelle et la suspension de 1a poulie meritent d'etre signalees. Nous
donnons (fig. 3) enA le plan, et en B Pelevation de ce monument, qui
date, comme le precedent, du XIVE siecle. Ici la traverse qui relie les
deux piles est de gres et d'un seul morceau. En G, nous avons trace le
detail des bases des piles qui font corps avec le pilastre penetrant dans
la margelle, afin d'eviter les (levers des deux monolithes. Laprofondeur
de ce puits est de 2l"',40, et la nappe d'eau de 3m50.
On ne disposait pas toujours de materiaux assez resistants pour se
permettre l'emploi de piles et de traverses de pierre d'une aussi faible
epaisseur; alors l'appareil necessaire a l'attache des poulies etait
fabrique en fer et scelle sur une margelle de pierre de taille. Il existe
encore dans quelques villes de France des puits ayant conseiwfe leurs
armatures de fer des xve et xvle siecles (voy. SERRURERIE).
Si les puits places exterieurement sur la voie publique etaient d'une
grande simplicite, ceux qui souvraient dans les eglises ou les cloitres
etaient souvent trres-richement ornes. Leurs margelles, les supports
des poulies, devenaient un motif de decoration. Il existait autrefois,
dans le bas cote sud de la cathedrale de Strasbourg, un puits tres-
f Il en existe une trbs-helle i: Sens, dans les magasins du palais archicäpiscopal.
2 Voyez flfmS YUiSIOIÜTG (les COMÜGS de Garcassonne, par Brasse (Carcassonne, 1645), les
vers en patois sur les merveilles de cc puits cälährc. Suivant le poiite, la profondeur de
ce puits n'atteindrait rien moins que le centre de la terre.