PROPORTION
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probablement pas deux restitutions pareilles de l'inter-tour. Si, au con-
traire, dix architectes examinent, seulement a Fexterieur, des thermes
romains, ou teditice connu sous le nom de basilique de Gonstantin, a
Home, ou encore Peglise de Sainte-Sophie de (lonstantinoplc, et fju'ils
essayent d'en presentcr les dispositions interieures, il est evident.
qu'ils ne ditfereront dans cette restitution que sur quelques (letails
d'une importance secondaire. C'est que, dans ces edititzes, l'aspect ex-
terieur n'est autre chose que l'enveloppe exacte de la structure inte-
rieure; par consequent, si nous ne parlons que des proportions, c'est
le systeme harmonique admis pour lünterieur qui a commande les
proportions visibles a Pexterieuin En cela donc, les Romains ont pro-
cede autrement que les Grecs. Mais, il faut le reconnaitre, les Ro-
mains n'etaicnt guere sensibles a cet ordre de beautes simples qui ne
s'expriment que par l'harmonie des proportions. lls preferaient la ri-
chesse, le luxe ou la rarete des matieres a un ensemble dont le seul
merite eut ete d'etre harmonieux; aussi la plupart. de leurs edifices ne
se recommandent-ils pas par ce juste emploi des proportions qui nous
frappe et que l'on ne se lasse pas (Yadinirer dans les oeuvres de la
Grece. Le Romain confond les dimensions avec les proportions, et,
pour lui, la grandeur ne reside pas dans un accord des formes, mais
dans leur etendue. Pour lui, ce qui est grand, c'est. ce qui est vaste.
Mieux doues heureusement du veritable sentinlent de l'art que les
Romains, les populations occidentales, des Fepoque ronlzlne, donne-
rent a Petude des proportions une attention singuliere. Soit que ce
sentiment eut ete provoque ou reveille par la vue des editices ronlano-
grees de la Syrie, soit qu'il füt instinctif, nous voyons deja, au com-
mencement du xne siecle, qu'un systeme harmonique de proportions
est adopte dans les provinces d'en (leca et d'au dela de la Loire. Mais
le systeme harmonique setablit, sur le principe de structure romaine,
dest-a-dire qu'il procede de tinterieur a Fexterieur, que l'ossature
apparente exterieureirlent n'est que l'enveloppe de la conception in-
terieurc. Pour etre plus clair, l'architecte proportionne son monu-
ment interieurement, et ce parti pris fournit le sysleme des propor-
tions de Fexterieur. (Tetztit, il faut bien en convenir, une idce juste ;
car, qu'est-ce qu'un editice, sinon une necessite enveloppee ? N'est-ce
pas le contenu qui donne la forme de tetui? N'est-ce pas le pied qui
impose la forme a la chaussure? Et si aujourd'hui nous faisons des
chaussures dans lesquelles on pourrait loger la main ou la tete, aussi
bien et aussi inconnnodement que le pied, test-cc raisonner juste?
Les editices grecs, si beaux qu'ils soient (du moins ceux qui nous
restent), ressemblent un peu a ces lneublgg qu'il Päpoqug de 1a
naissance on appelait des cabinets. Meubles charmants parfois, admira-
blement decores, precieux objets (Famateurs et de musees, mais qui
sont, de fait, un pretexte plutot que l'expression d'un besoin reel. ll
netait donc pas surprenant que les Grec-s, amateurs passionnes de la