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vation. Ces poteaux, non plus que les poitrails, ne presenlent pas de
gereures, ils semblent tailles dans une matiere homogene. Pour que
des bois d'un aussi fort equarrissage pussent subir, sans se gGPPÄBP, les
variations de la temperature, il fallait qu'ils fussent purges de leur
seve par un moyen quelconque, et approvisionnes tres-longtenips avant,
leur emploi. Cette meme observation peut s'appliquer aux poteaux de
nos maisons et halles datant de quatre cents ans. Il est bien rare que
dans ces pieces de bois on signale une gercure 1.
On entend par poteau cornicr, une piece de bois verticale qui fait
l'angle de deux pans de bois se retournant d'equerre, et dans laquelle
viennent s'assembler les sablieres. Les poteaux corniers doivent elre
pris, autant que faire se peut, dans un seul brin, atin de presenter une
parfaite rigidite. La piece A, (fig. 3), est un poteau cornier. Des repos,
outre les mortaises, recoivent les extremites des sablieres des plan-
chers. Ges poteaux corniers sont habituellement. faconnes avec soin,
ornes de sculptures, de profils, de statuettes, choisis dans les plus beaux
brins et. les plus sains. Nous avons montre plusieurs de ces pieces de
charpente dans les articles MAISON et PAN ne Bols; il parait donc inutile
de nous etendre plus longtemps sur leur fonction et leur forme. On
voit encore des poteaux corniers bien travailles dans quelques maisons
de Bouen, de Ghartres, de Beauvais, de Reims, d'Angers, d'0rleans, de
Sens. Il en existe un encore, representant un arbre de Jesse, a l'angle
d'une maison de la rue Saint-Denis, a Paris, qui date du commencement
du xvit siecle. Quelquefois, dans les chateaux des Xlll" et xivt siecles
notamment, les solives des planchers ne portaient pas dans les murs,
mais sur des lambourdes epaisses soutenues de distance en (lislance
par des poteaux zidosses au parement interieur de ces murs. (Yelait
un moyen (Peviter la pourriture, qui trop souvent se manifeste dans
les portees des solives penetrant la maconnerie, et de permettre d'elcver
les murs sans se preoccuper (l'y scellerles solivages. Ainsi couvrait-on
le batiment. et posait-on les planchers sans craindre de les laisser
mouiller ; ce qui est un point capital, si l'on veut eviter la deterioration
des bois et les gereures. Les poteaux adosses aux murs avaient encore
cet avantage de permettre d'attacher les lambris de menuiserie et les
tapisseries en laissant un isolement [l'es-favorable a leur parfaite
conservation. D'ailleurs, si l'on eut voulu n'habit.er ces chateaux, dont
les murs ont. souvent plus de 2 metres depaisseur, que quand les
maconneries eussent ete seches, il eüt fallu attendre plusieurs annees.
L'isolement laisse entre les murs et les boiseries ou tentures permet-
tait de s'installer dans ces demeures sans avoir a redouter les funestes
effets produits par 165 ITIRQOHHGPieS fraiches surla saute. Il y avait donc
plusieurs bonnes raisons pour poser des planchers sur des poteaux
adosses, et nous recommandons cette methode aux architectes qui
batissent des habitations de campagne, ou la place n'est point a epar-
' Voyez CHARPENTE, MAISON, PAN ma 12013,