PORTE
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porche du xivt sieclc, ne rappelle, en aucune facon, par son style,
la porte laterale de la cathedrale de Iieims que nous avons donne-e
(fig. 77). C'est qu'en effet, entre l'architecture de la Champagne et
celle de Picardie, les (litferences sont notables au commencement, du
XIII' siecle, et cependant les architectes de. ces monuments etaient tous
deux sortis du domaine royal; mais il est evident (et cela est a leur
louange) que ces niaitres savaient plier leur talent aux traditions
locales, a la qualite des materiziux mis a leur disposition et au genie
(les populations qui les appelaient. La porte late-rztlc de la nef de Notre-
Dame dläniiens est encore, dans les details de la sculpture. quelque
peu empreinte du style du xn" sitwcle, mais la composition est. entiere-
ment nouvelle. D'abord elle est. accompagnee de deux arcades aveugles
comprises entre les contre-forts; les trois arcs (celui central elant
presque plein cintre) sont surmontes de gables figures par un simple
biseau; son ensemble est large ettrapu; la statuaire en est exclue. En
etfet, autant. l'architecture gothique champenoise, a son origine, est
prodigue de statuaire, autant. celle de Picardie en est avare. Mais, en
revanche, la sculpture dfornement est riche et largement developpee ;
les chapiteaux de cette porte (tig. 78) sont beaux; les tailloirs et meme
les astragales sont (lecores; le tympan est couvert d'une tapisserie
de rosaces d'un grand CQPZICIÄPPO. Dejät les arcs sont. accompagnes de re-
denls, et les profils sont fins et multiplies. On retrouve dans cette com-
position secondaire Fampleur, qui est. une des plus belles qualites
de la catliedrale (FAmiens. Ce ne sont plus les proportions massives
et allongees de Notre-Dame de Remis; les supports sont gistäles et les
ouvertures larges. C'est: ainsi que ces artistes savaient mettre de Funite
dans leurs oeuvres et adopter un parti, suivi fidelement dans les details
aussi bien que dans les ensembles de leurs compositions. En A, est.
trace le plan de la porte laterztle de la cathedrale d'Amiens; en B, au
vingtieme de Fexecution, la section d'un pied-droit avec sa COlOHHGÜP
monolithe, les tailloirs (les chapiteaux et la trace des archivoltes sur
ces tailloirs, les profils a et. la formant les redents; le nu du tympan
etant en c. En C, est. donne, egalement. au vingtieme, un fragment de
la tapisserie qui decore le linteau-tympan.
Vers la meme epoque, on reconstruisail. la eathedrale de Ghartres
sur des fondations anterieures. Au pied des deux (rentre-forts occi-
dentaux des deux bras de croix, l'architecte du commencement du
xme siecle menageziit deux portes destinees a donner entree a la crypte.
Ces portes sont d'une extrenle simplicite et ne se recommandent que
par la beaute de leur structure. Nous donnons (fig. 79) l'une d'elles.
Un large biseau ebrase les jambages et Parchivolte exterieurement; le
linteau-tympan, soutenu par deux corbeaux, est perce. d'un oeil destine
a eclairer la descente a la crypte. En A, est "triuree la coupe de cette
porte. Ici encore on peut saisir l'harmonie repandue dans ces editices
du commencement du xme siecle. Par son caractere seul, ce membre