PORTE
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sades. Les croisades ont. eu sur l'art du moyen fige, au (rommencenient
du X118 siecle, une influence incontestable, rapide, parfaitement appre-
eiable, lorsque l'on compare les monuments greco-romtiins de Syjrie
avec ceux eleves en France dans les provinces du Midi, du Centre
et, de Füuest. Matis l'architecture gothique, celle que lecole laique du
Nord elexie vers latin du X116 siecle, est au contraire la reaction laplus
manifeste contre cette influence venue (l'Orient. Soit qu'on envisage
l'architecture gothique au point de vue de la structure, du systeme
des proportions ou des ordonnances, de l'en1ploi des materiaux, du
trace des profils, de la disposition des plans, de lornementation et. de
la statuaire, elle se separe entierement des principes rapportes (l'()rient
parles (lerniers architectes romans. Mais il est si facile däidmettre
des jugements tout faits et. de les accepter sans controle, que nous
entendrons repeter longtemps encore que l'architecture gothique a
ete rapportee en France par les croises qui ont suivi Louis le Jeune en
Palestine, bien qu'il soit. (ldlllütllftä anjourtfhui que les restes d'archi-
tecture rappelant les formes gothiques, et existant en Palestine, sont
dus precisement aux croises devenus maitres de Jerusalem. Le petit
nombre de Franqais qui revinrent. en Occident. apres texpedition de
Louis le Jeune avaient certes bien autre chose a penser qu'a rapporter
des formules architectoniques. Pour qu'un art, a de si grandes dis-
tances, passe d'un peuple chez un autre, il faut que des etablissements
permanents aient pu se constituer, que des relations se forment, que
le. commerce prenne un cours regulier. Ce ne sont. pas des soldats qui
rapportent un art dans leur bagage, surtout. s'ils ont. tout. perdu en
chemin. La principaute d'Antioche, fortement. etablie des la fin du
Xle siecle en Syrie, au milieu d'une contree couverte litteralement d'eth-
tices encore intacts aujourd'hui, a pu servir de centre (Vetudes pour les
artistes (iccitlentztux; mais il est, en verite, assez pueril de croire que
les croises des Xnt et XIIIB siecles, qui n'ont pu slitahlir nulle part, et
n'ont tente que des expeditions malheureuses, aient rapporte en France
un art. aussi complet. et aussi profondement. logique que l'est l'archi-
tecture dite gothique.
Il nous reste a etudiei- les portes (Peglises dues incontestablement
a l'art franc-ais du commencement du X1118 sieele, en dehors de. toute
intluence etrangtlre. Deja celles que nous avons donnees dans cet
article, provenant, des eglises de Nesles, de Montreal, de Saint-Pere.
sont, fpanghplnenl,gothlqtleä, bien qu'elles se rattachent par (lueltlnfis
points aux traditions romanes, ou qu'elles presentent des singularites.
Maintenant. nous entrons dans le domaine royal, nous ouvrons le
X1116 siecle, et la marche de l'architecture est suivie sans deviations,
aussi bien dans lexeeution de vastes portails de nos eglises que
dans les autres parties de ces editices. Nous prendrons d'abord la porte
de la facade occidentale de Notre-Dame de Paris, percee sur le colla-
leral nord, et qui est connue sous le nom de porte de la Vierge. La porte
opposee a celle-ci, s'ouvrant sur le collateral sud, est. composee en