PORTE
394
de point de depart, qui sont une innovation et prennent uneintluenrr
considerahle; mais les principales ecoles de la France, des le commen-
cement du X118 siecle, avaient adopte, pour les portes des eglises.
comme pour les autres parties de l'architecture, des types assez diffe-
rexits les uns des autres, bien que soumis au principe commun d'arcs
et de linteaux indiques plus haut. L'Auvergne, le Nivernais et une
partie du Berry; l'lle-de-France, la Champagne, la Picardie, la Nor-
mandie, le Poitou et la Saintonge, le Languedoc, la Bourgogne, pre-
sentaient alors huit types distincts qui se confondirent au xme siecle
dans l'unite gothique. Nous ne pretendons pas etablir que ces pro-
vinces elevassent chacune de leur cote des portes cteglises suivant un
nnodele admis, invariable; nous constatons seulement. qu'on trouve,
dans chacune de ces ecoles, des similitudes, soit dans les proportions,
soit dans les decorations, soitdans la construction ; qu'il est impossible,
par exemple, de confondre une porte romane de la Champagne avec une
porte de la meme epoque appartenant. a un monument religieux de l'Au-
vergne ou du Poitou. (l'est en Auvergne et dans le Nivernais, dans cette
croie romane si avancee des le commencement du xnt siecle, que nous
trouvons les exemples de portes les plus PGIIIäPQÜQbIRS par la facon dont
elles sont composees et appareillees.
La porte principale de Feglise Saint-Elienne de Nevers est un des
exemples les plus francs de Pecolc des provinces du Centre, et des
plus anciens. Cette porte date des dernieres annees du x18 siecle. Elle
ctait entierement peinte. Les chapiteaux de ses colonnes n'etaienl
ornes que par de la peinture. Les claveaux, appareilles d'une facon
remarquable, etaient egalement couverts de peintures representaiut
des oiseaux alfrontes et des ornements sur fond noir. Nous donnons
(fig. 52) le plan et Felevation de cette porte. Le linteau et le tympan
ont disparu; ils etaient tres-probablement decores seulement par (les
peintures. On doit signaler, comme appartenant a cette ecole, la pro-
portion relativement elancee de la baie ; la grosseur inusitee des deux
premieres colonnes qui rappellent les exemples gallo-romains, et
enfin cet appareil de claveaux qui est motivepar la necessite d'employer
de trois-petits maiteriaux.
Cependant les colonnes sont monolithes et ont ete taillees au tour,
conformement a un usage admis dans les provinces du Gentre pendant
les x1' et xne siecles; les chapiteaux sont egalement tournes, sauf les
tailloirs, qui sont rectangulaires et sont pris dans une autre assise de
pierre. En A, est trace le profil des archivoltes. Get art roman de l'Au-
Vergne et du Nivernais, deja delicat vers la fin du x18 siecle, bien etudic
quant aux proportions et aux profils, devait promptement produire
des resultats remarquables ; eten effet, des le milieu du xue siecle, dans
la meme ville, a Nevers, on elevait laporte de leglise de Saint-Genest,
qui peut etre consideree comme un chef-d'oeuvre par ses bonnes pro-
portions, la beaute et la sobriete de sa sculpture. Cette porte (fig. 53),
qui n'a que Qmetres d'ouverture, ne possede, pas plus que la prece-