PORT
368
un moyen de quitter facilement la partie, sous le pretexle dctendl-(f
le champ de la (lefense. Enfermee dans une tour isolee servant de
porte, la garnison n'avait d'autre ressource que de lutter jusqu'a la cler-
niere exlremite. La disposition qui semble avoir ete systematiquement.
adoptee par 1e connelable Olivier de Clisson est (l'ailleurs conforme au
caractere energique jusqu'a la ferocite de cet homme de guerre 1. C'est,
ainsi que beaucoup des ouvrages militaires du moyen fige prennent
une physionomie individuelle, et qu'il est bien difficile, par (luelqiles
exemples, de donner un apercu de toutes les ressources trouvees par
les constructeurs. Aussi ne pretendons-nous ici que presenter quel-
ques-unes des dispositions les plus generalement admises ou les plus
remarquables. Il n'est pas douteux, d'ailleurs, que dans les (ronstruc-
tions militaires du moyen fige, les idees personnelles des seigneurs
qui les faisaient elever n'eussent une inlluence particuliere conside-
rahle sur les dispositions adoptees, et que ces seigneurs, en bien des
circonstances, fournissent eux-memes les plans mis a execution, tant
est grande la variele de ces plans. Il est bon (l'observer encore que si,
pendant le moyen itgeJes constructions des eglises et des monasleres
sont souvent negligees; que s'il est evident, dans ces constructions,
que la surveillance a fait (lefaut, on ne saurait faire le Intime reproche
aux travaux militaires. Ceux-ci, bien que tres-simples, ou eleves a l'aide
de moyens bornes parfois, sont toujours faits avec un soin extreme,
indiquant la surveillance la plus assidue, la direction du maitre. C'est
grace a cette bonne execution que nous avons (tonserve en France un
aussi grand nombre de ces ouvrages, malgre les destructions entre-
prises (l'abord par la monarchie, a dater du XVIE siecle, pendant la
revolution du dernier sieele, et enfin par les communes, depuis cette
epoque.
Avant de passer a l'examen des poternes, nous devons dire quelques
mots des portes de barbacanes, dest-it-dire appartenant a de grands ou-
vrages avances, portes qui presentent des dispositions particulieres.
Ce ne fut guere qu'au Xllte siecle qu'on se mit a elever des barba-
canes en maconnerie. Jusqu'alors ces ouvrages avances, destines a fa-
ciliter les sorties de troupes nombreuses, ou a pratiquer des retraites,
etaient generalement eleves en bois, et ne consistaient qu'en des
terrassements avec fosses et palissades. Mais les assiegealmts, mettant
le feu a ces ouvrages, rendaient leur defense impossible; on prit le
parti, en dehors des places importantes, de construire des barbacanes
en maconnerie, et de les appuyer par des tours, au besoin. Toutefois.
on cherchait toujours a ouvrir ces (lefenses du cote oppose aux rem-
parts formant le corps de la place, afin (Yempechei- les zissiegeants qui
s'y seraient loges de pouvoir s'y maintenir. Les portes des barbacanes
sont concues suivant ces principes, et les defenses qui les composent.
sont ouvertes ä la gorge.
' Olivier de Clisson ätait surnommä par
les contemporains, le Boucher,