PORTE
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envahi, soit par les t-roupes dujprince Noir, soit par les troupes de
l'Aragon,soit dans des temps de guerres civiles. (1'estqu'en effet, avec
les moyens (l'attaque dont on disposait au moyen tige, la cite etait
une place imprenable, et la porte Narbonnaise, la seule accessible aux
charrois, eut pu defier toutes les attaques.
Lorsqu'on visite cette porte dans tous ses details. outre la beaute
de la construction, la grandeur des dispositions interieures, on est
emerveille du soin apporte par l'architecte dans chaque partie de la
defense. Rien de superflu, aucune forme qui ne soit prescrite par les
besoins; tout est raisonne, etudie, applique a l'objet. Nous ne con-
naissons aucun edifice qui ait un aspect plus grandiose que cette
large facade plate donnant du cote de la ville. (le n'est qu'un mur perce
de fenetres et de meurtrieres; mais cela est si bien construit, cela
prend un si grand air, qu'on ne peut se lasser d'admirer, et qu'on se
demande si la scrupuleuse observation des necessites en architecture
n'est pas un des moyens les plus puissants de produire de l'effet.
Le mode d'attaque des places devait necessairement influer sur les
dispositions donnees aux portes fortifiees. Lorsque les armees assie-
geantes n'avaient pas encore adopte des moyens reguliers, methodi-
ques, pour s'emparer des places, il est clair que leurs efforts devaient
se porter sur les issues. La premiere idee qui venait au commandant
d'une armee assiegtzante, dans les temps ou l'on ne possedait pas
des moyens (lestruclifs organises, etait naturellement d'entrer dans la
place assiegee par les portes, et de concentrer tous ses moyens d'at-
taque sur ces points faibles; aussi, par contre, les assieges apportaient-
ils alors a la defense de ces portes un soin minutieux, accumulaient-
ils sur ces points t.0us les obstacles, toutes les ressources que leur
suggerait leur esprit subtil. Gependant, deja vers la fin du xue siecle,
Philippe-Auguste avait su faire des sieges reguliers, conduits avec
methode et a l'instar de ce que faisaient les Romains en pareil cas.
Pendant le X111" siecle, quelques sieges bien conduits indiquent que
l'art d'attaquer les places se maintenait au point ou Philippe-Auguste
l'avait amene1 ; mais les progres sont peu sensibles, tandis que l'art
de la (lefense se perfectionne d'une maniere remarquable. A la fin du
xme siecle, la defense des places avait acquis une superiorite evidenfe-
sur l'attaque, et lorsque les places sont bien munies, bien fortifiees,
elles ne peuvent etre reduifes que par un blocus etroit. Mais des le
commencement du XIV" siecle, les engins s'efant titcs-perfcctionnes,
les armees agissant avec plus de methode et d'ensemble, on voit
apparaitre dans l'art de la fortification des modifications impor-
tantes. D'abord les ouvrages de bois, qui occupent une si large place-
dans les forteresses jusqu'alors, disparaissent; et en effet, a l'aide
d'engins puissants, surtout apres Pexperience acquise en Orient pen-
dant. les dernieres croisades, on mettait le feu a ces hourds, si bien.
f Voyez l'article SIEGE.