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PORTE
Quand le sol gallo-romain fut envahi par les hordes venues du nord-
est, beaucoup de villes ouvertes furent fortitiees a la hate. Ün (letruisil
les grands monuments, les temples, les arenes, les theatres, pour faire
des remparts perces deportes tlanquees de tours. On voit encore
a Vesone (Perigueux), pres de l'ancienne cathedrale du x" siecle, une
de ces portes. ll n'y a pas longtemps qu'il en existait encore a Sens.
aBourges,'et. dans la plupart des villes de l'est et du sud-est du sol
gaulois. Beacuoup de ces ouvrages furent tuf-me construits en bois,
comme a Paris, par exemple.
Quand plus tard les Normands se jelcrent sur les pays places sous
la domination des GarlovingiensJes villes durent de nouveau elablir
a la hate des defenses exterieures, atin de resister aux envahisseurs.
Ces ouvrages ne devaient pas avoir une grande importance, car il ne
parait pas qu'ils aient oppose des obstacles bien serieux aux assaillants:
les recits contemporains les presentent aussi gtäneralement. connnf-
ayant ete eleves en bois; et d'ailleurs l'art de la (lefense des places
n'avait pas eu l'occasion de se developper sous les premiers tlarlo-
vingiens.
Ce n'est qu'avec Petablisseinent regulier du regime feodal que ce!
art siäleve assei rapidement au point. ou nous le voyons arrive pen-
dant le xne sieole. Les restes des port.es d'enceintes de villes ou de
chateaux anterieures a cette epoque, toujours moditiees posterieurc-
ment, indiquent cependant deja des dispositions defensivfes bien enten-
dues. Ges portesconsistent alors en des ouvertures cintrees permettant
exactement a un char de passer : c'est dire qu'elles ont a peine 3metres
d'ouverture sur 3 a 4 metres (le hauteur sous clef. ll n'etait plus alors
question, comme dans les cites elevees pendant lepoque gallo-
romaine, d'ouvrir de larges ouvertures au commerce, aux allants et,
venants, mais au contraire de rendre les issues aussi etroites que pos-
sible, afin (Feviter les surprises et de pouvoir se garder facilement. De
grosses tours tres-saillantes protegeaient ces portes.
Nous ne trouvons pas d'exemple complet de portes de villes ou
chateaux avant le commencement du xne siecle. Un de ces exemples.
parvenu jusqu'a nous sans alteralioil aucune, se voit au chateau Ide
Gareassonne, et il remonte a 1120 environ. Nous donnons (fig. '3)'Ie
plan de cette porte a rez-de-chaussee. On arrive a l'entree par un
pont defendu lui-meme par une large barbacane batie au xlue sieclek
Le tablier de ce pontA, dont les parapets sont crenelesil, est interrompu
en B, et laisse en avant de Fentree une fosse de 3 metres environ de
longueur sur 3 metres de largeur. Un plancher mobile, qu'on enlevait
en cas (le siege, couvrait ce vide. La porte, qui n'a pas 2 metres de
largeur sur 2'230 de hauteur, surmontee d'un large mächicoulis, est
fermee par une herse C, un vantail D et une seconde herse E. Un poste
' Nous donnons plus loin la porte de cette barbacanm
' Ce pont date du X1112 siäcle