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PONT
on posait des chapeaux qui reunissaient leur tete, puis le tablier sou-
lage par des liens. Les piles, composees de ifangs simples de pieux,
avaient (zet: avantage de m'opposer aucun obstacle au oourant. Des
gau-iles triangulaires lichees en amont faisaient (levier les glaoons ou
les corps flottants qui auraient pu entamer les piles.
Comme les zirmees romaines, celles du moyen age ne se faisaient
pas faute detablir des ponts fixes sur les rivieres pour passer leurs
gens et leur arroi. Dans la Chanson des Saxons, Gharlemagne fait faire
un pont sur le Rhone. ((_BH.POÜS, dit-il, aux chefs assembles,
Trop est Rnne parfondc por mener tel hustin :
Ni porroient passer palefrrri ne roncin;
Mes .i. chose csgart an mon cner et destin,
Par coi de nostre guerre trarrnns angois ä {in :
.1. pont ferons sor Rune par force et par angin,
Les estachcs de chasnes, les planches de sapin;
.XXX. loises aura an travers de chemin.
Puis passerons outre tuit ansamble ä .i. brin,
Et ferons la bataille c'en le verra dou Ilin,
Et conqucrrons Soissoigne sor la gent Guiteclin'
Cfest un poete qui parle, et nous ne citons ses vers que comme l'ex-
pression (l'un fait general, admis dans les armees du moyen fige.
Les ponts de bois n'ayant jamais qu'une duree assez limitee, il ne
nous reste aucun ousfrzige de ce genre qui soitanttirieur au XVIÜ siecle,
et nous ne pouvons en prendre une idee que par des vignettes de ma-
nuscrits ou des gravures des XVlc et Xvnt siecles. Si l'on veut etablir
des ponts de bois, ou il faut rapprocher beaucoup les piles, atin de
ne donner aux portees des tiuavees du tablier qu'une longueur tres-
retluite, et eviter ainsi leur tlechissernent; ou il faut armer ces tabliers
de contre-tiches assez inelinees pour resister a latlexion, et alors elever
beaucoup les tetes des piles au-dessus du niveau de l'eau; ou il fziut.
suspendre les tabliers a un svsteme de fermes. Ce (lernier pzlrti semble
avoir ete adopte tiwäquemment pendant le moyen age. Soient (fig. M)
des piles de trois rangs de pieux espaces de 12 metres d'axe en axe; la
tete de ces pieux, ne s'elevant. pas a plus de 2 metres au-dessus du niveau
de l'eau, on posait. sur ces tetes de pieux des longrines, soulagees en
Apar des fermes B. Ces fermes, ltägerement inclinees l'une vers l'autre,
elaient rendues solidaires au moyen de traverses superieures G et de
croix de Saint-Perdre D. Sur ces longrines E on posait de fortes solives
F, puis les madriers formant le tablier. (les ouvrages presentaienl. une
grande rigidite, mais ne pouvaient subsister fort longtemps sans se
deteriorer, et n'obtient guere jetes que sur des cours d'eau dont les
Grues n'elaient pas considerables.
Chanson des Saxmzs,
chap.
CXVIH.