245
PONT
deux maitres des oeuvres de l'hotel de ville, Colin de la Ghesnajje pour
la lllätjOllllflltle, et. Gantier Hubert pour la charpente, furent charges de
l'entreprise, et on leur adjoignit Jean de Doyac, Didier de Folin, Colin
Biart, Andre de Saint-Martin, ainsi que deux religieux, Jean dllstfullaint
et Jean Joconde. Ces deux derniers elaient. (fhargos du (fontrole de la
pierre de taille. Toutefois et contrairement a l'opinion de Sauval, Colin
de la Chesnajie et Jean de Doyac avaient (ne commis a la superinten-
(lance de l'oeuvre. a Seize hommes, pris dans les ditfeifents quartiers de
a la ville, travaillaient sous leurs (vrdrcs, et comme marque du pouvoir
u souverain qu'ils exerqztientt, Colin de la Ghesnaye et Jean de Doyac
(z portaient. un baton blancl. w
Le 28 Inars N99, les premieres pierres du pont de Notre-Dame fu-
rent posees par le gouverneur de Paris et les magistrats municipaux.
Les traxfaux furent termines au mois de septembre 1.512. Deux rangs
de nlaisons regulieres d'aspect gan-nissaient". les deux cotes de ce pont,
et celles-ci ne furent (lemolies qu'en 1786.
Beaucoup trop de gens avaient ete appeles a participera la construc-
tion du pont Notre-Dame; il en resulta des changenlents dans la direc-
tion de l'oeuvre et des avis differentis qui retarder-eut l'entreprise. Il
faut lire a ce su_jet la curieuse notice publiee par M. Le Roux de Lincy,
laq-uelle donne tout au long les avis demandes par les magistrats muni-
cipaux a (liverses personnes considerees (701111110 (tompotentes : les
unes sont pour les pilotis, les autres les eonsiderent, comme inutiles;
naturellement les charpentiers penchent pour les pilotis, les macons
pour les blocages. Cependant ce pont otait fort bon et fort beau, il y a
encore quelques annees, et il ne semble pas qu'il fut tres-necessaire
de le reconstruire "l.
Au moment de la reconstruction du pont Notre-Dame, dest-a-dire
au commencement du XYlc siecle, on prenait cette habitude, si fort en
honneur aujourd'hui, de consulter quantite de gens de metier ou d'a-
mateurs officieux en matieres de travaux publics; on accumulant ainsi
des avis, des proceswerbaux, qui ont certes un grand interet, pour
nous aujourd'hui, mais qui, au total, n'etaient guere profitables a
lkeuvre et entrainaient souvent en des depenses inutiles. En cela l'his-
toire de la construction du pont Notre-Dame rappelle passablement
celle de beaucoup de nos editices modernes. On faisait evidennnent
moins de bruit et l'on noircissait n1oi11s de papier autour de nos vieux
ponts du moyenage, commences presque tous avec des ressources
' Registres de PHätel de ville, H, 1778, fol. 28, r". (Voyez les Recherches historiques
sur la chute et la reconstruction, du pont Notre-Dame d Paris, par M. Le Roux de Lincy,
Btbliotlt. de Fdcole des chartes, 2e seric, t. Il, p. 32.)
' S'il faut s'en rapporter 51 une note äcritc sur la couverture du livre Rouge du Chä-
telet de Paris, la dbpensc du pont Notre-Dame 51 Paris se serait dlevec il 205 380 livres
4- sous 4 deniers tournois. Sauval, contestant ce chiffre, sans d'ailleurs donner ses preuves,
prcätend que la däpensc sffäleva ä 1160684- livres