PONT
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comme en amont, et par consequent des gares flanquantes et (Fevite-
ment sur les deux cotes du tablier. (l'est encore une raison (le clefense
qui a motive cette disposition, car partout ou les ponts n'ont pas cette
importance au point de vue militaire, s'il est pratique des avant-becs
aigus en amont, les piles sont plates du cote d'aval, comme par exem-
ple au pont Saint-Etienne, a Limoges, decrit par M. Felix de Ver-
neilh dans les Annales arclzäologiquesk Ce savant archeologue, auquel
nous devons des travaux si precieux sur les monuments franeais du
moyen fige, a observe aussi que dans plusieurs de ces ponts du
Limousin, dont les piles sont tres-epaisses relativement aux travees
des arches, ces piles ne sont souvent composees que d'un parement
de granit, au milieu duquel est pilonne un massif de terre. (Tetait la
un moyen economique dont nous avons pu constater l'emploi, et qui
remonte, pensons-nous, a une assez haute antiquite, car des restes de
piles romaines nous ont presente la memeparticularite. Les avant-becs
de plusieurs ponts du Limousin donnent en section horizontale, non
point un angle aigu ou droit, mais une courbe en tiers-point, ce qui
avait l'avantage de permettre le glissement de lieau courante et de
donner plus de force a ces eperons ;4car il est clair (fig. 6) que la sec-
tion A presente une plus grande surface que la section B, par conse-
quent plus de poids et de resistance.
g
" Revenons au pont de Gahors. On remarquera (fig. 5) que les esca-
liers exterieurs conduisant aux tours sontouverts du cote de la ville, le
long du parapet, de telle sorte que si le chatelet D elait pris, fermant
la porte de la tour E, les defenseurs pouvaient accabler les assaillants
et recevoir des renforts de la ville. Seul l'escalier de la tour centrale G
est pratique dans un exhaussement de l'avant-bec; son entree etant
placee sous le passage, mais masquee, bien entendu, par la porte qui
fermait ce passage. L'escalier de la derniere tour H est en communi-
cation avec le crenelage du poste I, et le poste, ferme du cote de la
ville, etait destine a presenter un premier obstacle aux assaillants qui
auraient pu faire une descente sur la rive de ce cote. Nous donnons
(fig. 7) une vue perspective a vol d'oiseau de la tour E sur la rive
opposee a la ville et de ses dependances. Outre le chatelet exterieur A,
une defense basse formait tete de pont sur cette rive, empechait de
f Tome XX, page 100.