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PLOMBERIE
rsoucieux de nous enquerir de l'experience acquise par nos (levan-
ciers. La plomberie est d'ailleurs si intimement liee a l'art de la char-
penterie, que si l'on veut couvrir en planches, il est necesszlire, avant
tout, de s'enquerir de la qualite et de la provenance du bois a em-
ployer. Les gens du moyen age, peut-etre par suite des traditions de
Fantiquite, zipportaient un soin minutieux dans fapprovisionnement
et la mise en oeuvre du bois; ils ifeprouvaient pas, par consequent,
les desappoinlements que nous eprouvons aujourd'hui en mettant au
levage des bois verts et qui n'ont jamais ete baignes dans l'eau cou-
rante. On PCCOIIIIEIÜFII. du moins que cette experience, raisonnce ou non,
est bonne et qu'il faut en tenir compte.
Les plombs employes pendant le moyen age contiennent une assez
notable quantite (l'argent et d'arsenic; les notres, parfaitement epu-
res, nontpasla qualite queleurdonnaitcet alliage naturel, et sont peut-
etre ainsi plus sujets a se piquer et a s'oxyder. Nous avons encore
vu en place, en 1835, avant l'incendie des combles de la Ciltllütllüllü
de Ghartres, les plombs qui en formaient la couverture datant du X111"
siecle. Ces plombs etaient parfaitement sains, coules en tables d'une
epaisseur de 02004 environ, revetus exterieurement par le temps
d'une patine brune, dure, rugueuse, brillante au soleil. Ces plombs
etaient poses sur volige de chene, et les tables n'avaient pas plus de
0'260 de largeur. Elles etaient d'unelongueur de 21'250 environ, clouees
a leur tete sur la volige avec des clous de fer etame a tres-larges tetes;
les bords lateraux de chacune de ces tables s'enroulaient avec ceux
des tables voisines, de facon a former des bourrelets de plus de (P204
de diametre; leur bord inferieur etait maintenu par deux agrafes
de fer, afin dempecher le vent de le retrousser. Voici (fig. l) un trace
de cette plomberie.
Ainsi les tables etaient fixees invariablement a la tete, en A; leurs
bords, releves perpendiculairement au plan. ainsi qu'on le voit en B,
etaient enroules l'un avec l'autre et tres-solidement maintenus latera--
lement par les bourrelets G. Ces bourrelets enroules n'etaient pas tel-
lement serres, qu'ils emptächassent la (lilatation ou le retrait de chaque
feuille. Le bord inferieur des tables elait arrete par les agrafes G, dont
la queue etait clouee sur la volige. -Au droit de chaque recouvrement
de feuilles, l'ourlet etait double, bien entendu, et formait un renfle-
ment I. En D, nous donnons, au quart de Yexecution, la section d'un
bourrelet. (l'est suivant ce principe que le comble de Feglise Notre-
Dame de Glialons-sur-blarne est couvert, et cette couverture date, dans
ses parties anciennes, de la fin du X111" siecle. Ici les feuilles de plomb
etaient gravees de traits remplis d'une matiere noire formant des
dessins de figures et d'ornements; on voit encore quelques traces de
cette decoration. Des peintures et des dorures rehaussaient les parties
plates entre ces traits noirs; car il faut observer que presque toutes
les plomberies du moyen age etaient decorees de peintures appliquees
sur le metal au moyen d'un mordant tres-energique.