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les niaehicoulis, ne sont la qu'un appareil feodal Nous donnons
(tig. 5) une elevalion du donjon du palais de Poitiers, faite sur l'un
des petits cotes. Aujourd'hui les constructions des tours sont dera-
sees au niveau N; cependant les seize statues ont. ete cfonservees sur
leurs culs-dedampe, quoique fort mutilees. (les statues sont revetues
de l'habit civil du commencement du xv" siecle. L'artiste a-t-il voulu
representer les comtes du Poitou? C'est ce qu'il est difficile de savoir.
Quoi qu'il en soit, elles sont d'un [beau travail. La coupe transversale
du (lonjon, faite sur la ligne BC du plan (fig. 6), montre les deux salles
inferieures, avec leurs routes reposant sur une epine de trois piliers,
puis te second stage ne formant plus qu'une grand salle sans piliers.
Au-dessus se trouvent le galetas et les chemins de ronde desservant
les nnitrhictiulis. Un escalier a vis compris dans une "tour carrce,
autrefois englobee dans les logis hatis entre ce donjon et la grand
salle, permet (l'arriver aux trois etages par un couloir detourne, ainsi
que l'indique le plan.
Les palais des seigneurs suzerains laiques forment au milieu des
villes ou ils sont. situes une sorte (lbppidurvz, de lieu a la fois fortifie et
sacre, comme etait l'acropole des villes grecques. C'est dans le palais
suzerain que sont conservees les reliques les plus precieuses et les plus
venerees par le peuple; c'est 1a que sont deposes les chartes, les tre-
sors ; c'est la que se tiennent les cours plenieres, que siegent les parle-
ments. que se passent les fetes a l'occasion du mariage des princes,
(les traites. Quant aux palais des eveques, ils ont un autre caractere
qui merite de fixer l'attention des zircheologues. Situes dans le voisi-
nage des catbcdrales (ce qui est naturel), ils sont presque toujours
batis le, long (les murailles ou sur les murailles niemes de la cite, et
peuvent (vontribuer a leur defense au besoin. Ce fait est trop general
pour qu'il n'ait pas une origine commune. En premier lieu, il prouve-
rait ceci : c'est que les eveches se sont etahlis, primitivement, sur
quelque castelluzn tenant aux murs des villes gallo-romaines; en second
heu, que la construction de ces palais a du preceder la construction
des cathedrales et doter-miner leur emplacement. En effet, on ne s'ex-
pliquerait pas comment la plupart de nos plus anciennes cathedrales,
u bergiiun), lieu ou, des l'origine, et sous Charlemagne, furent tenues les audiences pu-
" "_"'IÜÜS Ut rendue la justice, et dont relcverent depuis tous les fiefs capitaux de la pro-
" Vltme..... Ce fut dans le palais de Poiticrs que le dauphin, fils de France, fut proclame
a I'0l sous le nom de Charles Vll (cet. 14-22); ce fut la encore que fut intcrrogee, par les
" ÜOCtcurs les plus habiles, Jeaune dktrc, la Pucelle (mars 1429); ce fut 1a que s'assem-
"Ülütent les parlements de Paris et de Bordeaux, au moment ou la France presque
" ÜÜÜÜPB etait anglaise..." 11 Si un monument est historique, c'est bien celui-la.
' E" effet, les saillies des ornements entourant les fcnetres, les statues decorant les
Ülm-ÜVGS des tours, auraient gcne beaucoup le service des maehicoulis, si l'on eüt voulu
i" MP0 usage en cas d'attaque. M. de ltlerinttol a bien voulu nous communiquer l'excel-
ÜÜt travail qu'il a fait sur le palais de Poitiers, et c'est Lfaprcs ses releves tres-cxaets que
'08 dessins ont ete reduits.
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