PINA CLE
176
un jour de foule, dans la rue de Rivoli a Paris, pour reconnaitre les
inconvenients des arc-tes vives laissees sur les piliers isoles: ce sont
autant de lames blessantes placees au devant des passants. Admetlant
que cela soit monumental, ce n'en est pas moins tres-incommode.
Les architectes de la fin du xve siecle ont non-seulement fait des-
cendre le long des piles les profils prismatiques des aretes des voütes,
mais encore ils se sont plu parfois a tordre ces profils en spirale, et
a decorer d'ornements sculptcs les intervalles laisses entre les cotes.
On voit un curieux pilier ainsi taille au fond du chevet de Feglise
Saint-Severin, a Paris. On en voit un compose de gros boudins en spi-
rale dans Feglise Sainte-Croix de Provins. Ce sont la des fantaisies
qui ne sauraient servir d'exemples et que rien nejuslitie. La province
de Normandie fournit plus qu'aucune autre ces etrangetes dues au
caprice de l'artiste qui, a bout de ressources, cherche dans son imagi-
nation des combinaisons propres a surprendre le public. Les maitres
du moyen age ifontjamais eu recours aces bizarreries. Ce n'est qu'en
Angleterre que des le xine siecle nait ce desir de produire des elfets
surprenants. Deja, dans la cathedrztle de Lincoln, on voit des piliers
de cette epoque composes avec une recherche des petits effets qu'on
ne trouve dans notre ecole que beaucoup plus tard. Des exemples de
piliers sontpresentes dans les articles ARCHITECTURE IlELlGIEUSE, Carmi-
IJHALE, CONSTRUCTION et TRAVEE.
PINACLE, s. m. Couronnement, finoison, comme on disait au xivesiecle,
d'un contre-fort, d'un point d'appui vertical, plus ou moins orne et
se terminant en cone ou en pyramide. Dans les monuments d'une
haute antiquite, on signale deja certains amortissements (Pangles de
frontons et de corniches qui sont de veritables pinaclesl. La plupart
des monuments de notre periode romane ont perdu presque tous ces
(rouronnements superieurs, qui l'appelaient cette tradition antique.
Toutefois les ornenlents en forme de iponlme de pin, qui terminent
les lanternons de Feglise de Saint-Front, de Perigueux, peuvent bien
passer pour de veritables pinacles. Ce n'est guere qu'au x11" sieele
que l'on commence a signaler des restes nombreux de ces sortes
d"amortissements. Alors ils surmontent les angles des clochers
carres a la base des cones ou des pyramides formant la tleche; ils
apparaissent au-dessus des contre-forts aux angles des pignons.
D'abord peu developpes, ou en forme dedicules, ils prennent, des
la fin du xucsiecle, une assez grande importance; puis, au commen-
cement du xmc siecle, ils deviennent Souvent de veritables monu-
ments. Gomme tous les mentbres de l'architecture de ce temps, les
' Voyez la medaille frappee sous le regne de Caraealla, donnant au revers le temple
de Venus bä Papllüs (brenze); celle donnant au revers les propylees du temple rdu fSoleil
514 Balalbek. f Consulter llflrclzileclurft numismrllica, recueillie par Donaldson, architecte
(Londres, 1859).