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PILII
Ueglise Saint-Ouen de Bouen, dont le choeur date du Xiv" siecle,pre-
sente des piliers qui sont traces conformement a la section G, c'est-
a-dire qui projettent avec quelques modifications les arcs-doulileaux
et les arcs ogives des _voi'1tes, ct possedent encore des chapiteaux; ce
n'est qu'a la fin du xiv" siecle et au commencement du xvt que la don-
nee deja adoptee a la fin du xm" siecle par l'architecte de Saint-Urbain"
de Troycs est (lefinitivement acceptee, et que les piles ne sont que la
projection ifeunie en faisceau des differents profils des arcs. Mais
connne cette methode, toute rationnelle qu'elle etait, exigeait une
inain-dlnuvre et par consequent des depenses considerzibles, souvent.
a cette epoque on en revint au pilier monocylindrique, dans lequel alors
penetraient les profils des divers arcs des voütes. C'est ainsi que sont.
construits les piliers de Feglise basse du Mont-Saint-ltlichel en nier,
et'd'un grand nombre dedifices construits de 1400 a 1500, particulie-
rement dans les constructions civiles, on l'on pretendait ne pas faire
de depenses inutiles. Toutefois il ne faut pas perdre ide vue ce fait,
savoir, qu'a dater de 1220, les architectes francais, renoncant a la
colonne monocyilindrique pour porter les voütes, chercherent sans
interruption a transformer cette colonne en un support des membres
saillants constituant la vante, et par suite en un faisceau vertical de ces
membres. Le pilier tendait ainsi chaquejour a n'etre que la continua-
tion des arcs des voütes, et nous voyons que (les la fin du Xllle siecle
on etait (leja arrive a ce resultat. Le pilier ifetant que le faisceau ver-
tical des arcs des votites, ce n'est plus, aproprement parler, un pilier,
mais un groupe de moulures d'arcs descendant verticalementjusqu'au
sol, c'est. le trace du lit infericur des sommiers qui constitue la section
horizontale de la pile; et en effet ce trace est si important dans les
edifices voütes, si imperieux, dirons-nous, qu'il Llevaitnecessziirement
conduire a ce resultat. Des 1220, les architectes gothiques ne pouvaient
elever un monument voüte sans, au prealzihle, tracer le plan des
voütes et de leurs sommiers; il etait assez naturel de considerer ce
trace comme le trace du plan parterre, et de planter ces sommiers des
la base de sa construction : c'etait un moyen de faire une economie
düäpures, et surtout deviter des erreurs de plantation.
Les piliers, dans l'architecture civile, affectent des formes qui ne
sont pas moins l'expression des neccssites de la construction, soit qu'ils
portent des voütes, soit qu'ils soutiennent des planchers. Ainsi, dans
les etages inferieurs de Feveche de Meaux, etages qui datent de la fin
du X110 siecle, nous voyons des piliers poses en epine qui portent C168
vofites douhles,et dont la structure est assez remarquable. Voici (fig. 18)
leur section horizontale en A, et en B leur elevation perspective. Les
Voütes sont privees darcs-doubleaux. Ce sont des voütes (Farete cons-
truites comme les voütes romaines, avec un simple boudin en relief
S111" les aretes et un angle obtus a la place occupee ordinairetnent par
Vilrc-doubleau (voy. la section Cffaite sur ab). Le pilier se compose d'un
f"01'ps principal cylindrique, cantonne de quatre boudins egalement