PILIER
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colonnes M et N. Ainsi, des cette epoque, le principe de soumettre les
hauteurs des colonnes aux naissances des arcs est admis. Ce sont les
voütes qui commandent l'ordonnance. Les colonnes ne sont engagees
que d'un tiers, atin de laisser a leur diametre toute sa purete, ce qui
est un point importamt cagr toute colonne engagee de la moitie de
son diametre, par l'effet de la perspective ne parait jamais posseder
son epaisseur reelle. Il est evident que dans la nef de Vezelay, l'archi-
tecte a su, des la base de Fedifice, comment il le pourrait voiiter; les
arcs-doubleaux reposent en plein sur les saillies des chapiteaux et sur
les dosserets auxquels les colonnes sont adossees; les formerets
de la grande voüte trouvent leurs points d'appui,'et les aretes des
voütes leur place dans des angles rentrants, comme dans la structure
romaine.
Les piliers de la cathedrale d'Autun, d'une epoque plus recente (11140
environ), mais appartenant a cette belle ecole de la haute Bourgogne,
meritent egalement de fixer notre attention. Ils se composent, suivant
la section horizontale, de 'deux parallelogrammes se penetrant, can-
tonnes, non de colonnes engagees, mais de pilastres canneles. Il faut
observer que la nef principale de cette eglise est. voütee en berceaux,
et non point par des voütes d'arete, comme aVezelay. Ses piliers sont,
d'ailleurs, parfaitement disposes pour ce genre de construction. La
section A est faite sur ab (fig. 7), la section B sur cd, la section G sur
ef. Les arcs-doubleaux D reposent sur la tete du pilastre montant de
fond, et le nerf qui les cerne a l'extrados, sur les feolonnettes E. Les
pilastres lateraux z" sarretenta la naissance des archivoltes des colla-
teraux, et celui posterieurrecoit, au meme niveau, Farc-doubleau de la
voüte du bas cote. (l'est donc, comme a Vezelay, la naissance "des arcs
des voütes qui determine la hauteur des colonnes ou pilastres engages;
mais pour ne pas donner au pilastre anterieur une proportion deme-
surement allongee, l'architecte a eu le soin de le couper parles ban-
deaux n et m. Il n'est pas necessaire de faire ressortir Fetude des pro-
portions et des details qui perce dans cet exemple d'architecture. On
croirait voir la un fragment de ces monuments greco-romains si deli-
cats que M. le comte Melchior de Vogüe a (lecouverts dans les environs
d'Antioche et d'Alep. Il n'est pas jusqu'a la sculpture qui ne rappelle
cette ecole orientale si brillante au v2 siecle; et bien que les portes
gallo-romaines d'Autun aient pu inspirer aux architectes de la cathe-
drale du xne siecle le motif de Farcature du triforium, ceux-ci ont ete
certainement prendre ailleurs leurs profils et leur ornementation, ces
profils et ornements etant d'un tout autre style que ceux des edifices
gallo-romains et d'une execution bien superieure.
Ce motif de piliers a ete suivi dans la construction des eglises Notre-
Dame de Beaune, Saint-Andoche de Saulieu et de la cathedralc de Lan-
gres, car la cathedrale d'Autun a faitecole.
L'ecole de Flle-de-France, au moment ou l'architecture passait aux
mains des architecteslaiques,devait rompre avec ces traditions qui sem-