PILIEH
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d'ailleurs; par consequetit resistance suffisante, si les colonnes etaient,
de pierre dure, de granit ou de marbre. Des murs de brique bien faits
ne pesent guere; des charpentes, si larges qu'elles soient, n'exercent
qu'une pression assez faible. Mais quanta l'art de la construction pra-
tique par les Romains, on tomba dans une grossiere imitation de cet
art, on dut substituera des murs minces, bien liaisonnes, garnis de
mortier excellent, revetus d'enduits indestructibles ou batis de pierres,
d'appareil posees a joints vifs, des murs de moellons smilles, ntal liai-
sonnes, remplis de mauvais mortier; des lors il fallait necessairement
donner aces murs une plus forte epaisseur, puisqu'ils portaient un poids
plus considerable; aux colonnes ou piliers, une plus large section.
D'ailleurs les constructeurs romans, pendant la periode carlovingienne,
ne pouvaient ni extraire ni tailler des colonnes de marbre, de granit
ou de pierre dure monolithes; ils composaient celles-ci par assises de
pierres basses et meme quelquefois de moellons. Les piliers renforces
ne resistaient pas toujours aux charges qu'on leur imposait, ils se ger-
caient, se lezairdaient; on en vint a augmenter demesurement leur
force pour eviter ces accidents, on adopta les sections rectangulaires :
leurs assises etaient ainsi plus faciles a poser et plus resistantes ; sou-
vent on leur donna une epaisseur plus forte que celle des murs dont
ils avaient a supporter la charge.
Beaucoup de monuments des x9 et x19 siecles ont. conserve despilieifs
dans la construction desquels on observe les tatonnements, les essais
des constructeurs, rarement satisfaits du resultat obtenu, car ces piliers
etaient non-seulement disgracieux, mal relies aux parties superieures,
mais encore ils prenaient une place considerable, encombraient les
interieurs et genaient, la circulation. Aussi n'est-il pas rare alors de voir
dans un meme edifice des piliers batis en meme temps affectant des
formes (lifterentes, comme si les architectes dussent les essayer toutes,
dans Fimpossibilite ou ils se trouvaient d'en trouver une qui püt les
contenter. Pendant le x18 siecle nous voyons employer simultanemetil;
les piliers a section carree, carree avec aretes abattues, circulaires,
lobee, carree cantonnee de demi-cercles, barlongue, circulaire, en-
touree d'une serie de sections de cercle, etc.; mais rien n'est arrtäte,
rien n'est detinitif, aucun systeme ne prevaut.
Dans la petite eglise de Vignory (Haute-Marney, les murs de la nef
sont supportes par une suite de piliers a section barlongue ; puis la (ler-
niere travee pres du choeur presente des piliers a section circulaire
(fig. l). Au-dessus du pilier a section circulaire A est pose, pour former
le faux triforium B, un pilier a section carree dont les angles sont arron-
disf. L'architecte, se deliant de la petitesse de ses materiaux, n'a pas ose,
elever les piles de la nef jusque la hauteur du lambris des combles
' Du X" au x10 siäcle.
' Voyez la monographie de Yäglise de Vignory donnäe düapräs les dessins de M. Boas-
wilwald (Archiv. des monuments histor. publ. sous les auspices du Rlinistbre cPELuL.)