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d'une proportion parfaitement en rapport avec la grande rose qui s'ouvre
sur le transsept. Gette composition ne fut pas surpassee. Le pignon
meridional de la cathedifale d'Amiens, eleve vers le milieu du XIVe siecle,
presente cependant une disposition originale qui se rapproche de la
composition du pignon de Vezelay. Le grand triangle est divise vertica-
lement par des piles formant comme une suite de contre-forts ornes de
statues et de pinacles, et entre lesquels s'ouvrent des jours qui eclai-
rent le comble. Mais lales details, trop petits dkächelle, sont confus et
n'offrent plus cette simplicite de lignes que nous admirons a Paris et
meme aVezelay. Pour ne pas laisser isoler ces grands triangles, on eut
quelquefois Pidee, au xive et au xve siecle, de les epauler par des gale-
ries a jour ou aveugles qui reunissent leurs rampants aux pyramidions
ou tourelles depaulement. Un des pignons les mieux composes en ce
genre est celui de la facade principale de Peglise Saint-Martin de Laon,
qui date de la fin du xme siecle ou du commencement du XlVe. Nous en
presentons (fig. 12) une vue perspective. Voulant donner une grande
importance aux deux tourelles flanquantes,l'architecte a senti que le
pignon entre ces deux clochetons paraitrait Inaigre ; aussi Fa-t-ilaccom-
pagne d"une galerie aveugle qui termine ainsi, comme masse, carre-
ment le portail, et cependantil n'a pas voulu mentir au principe, et a
fait reparaitre la trace du comble a travers cette galerie.
Un peu avant la construction de Saint-Martin de Laon, le celebre
architecte Libergieif, pendant la seconde moitie du xme siecle, avait
eleve sur le portail de Peglise Saint-Nicaise, a Reims, un pignon relie
aux deux tours de la facade par une galerie ajour, ce qui etait bien plus
vrai que le parti adopte a Saint-Martin de Laon. Cette galerie mettait
d'ailleurs en communication les etages superieurs des clochersk Le
pignon de Saint-Nicaise de Beims etait perce de trois oeils circulaires
eclairant le comble, et son nu etait decore d'une imbrication, dernier
vestige de cette tradition romane quenous voyons acceptee franche-
ment dans le pignon de Peglise Saint-Etienne de Beauvais, donne plus
haut, et dans les pignons des provinces du Centre et'de l'0uest. Gomme
a la cathedrale de Reims, le pignon occidental de Feglise Saint-Nicaise
etait double, se repetaitau droit des faces posterieures des tours, et ce
second pignon etait, comme celui anterieur, relie aux tours par une
galerie a jour semblable a celle de la face. On coneoit combien cette
claire-voie doublee devait produire d'effet en perspective. Nous don-
nons (fig. 13) un geometral du pignon de Saint-Nicaise? Il faut dire que
les colonnettes supportant la galerie etaient jumelles, afin de donner
Pepaisseur necessaire au passage courant sur Farcature (voy. le detail
en coupe A).
f Voyez CLOCHER, fig. 75.
' Voyez la gravure präcieuse de de Son, Rcmois (1625). Cette belle el; unique cglise
dans son genre a ätä ddtruite, sans raison conxme sans näcessitä, au commencement du
Siizcle.