125
PIERRE
qu'a la cathedrale de Reims on pose ces assises de 1'220 de hauteuren
pierre introuvable aujourd'hui dans les carrieres qui les ont fournies,
qu'on emploie les liais et les cliquarts les plus durs, en ayant soin de
les purger des lits tendres; qu'on repousse, autant que faire se peut,
les bancs friables, les pierres creuses et. sans nerf.
La fin du xm" siecle apporte encore plus de soin dans le choix des
pierres. Il suffit d'examiner les constructions de Feglise Saint-Urbain
de Troyes, du choeur de Narbonne, des pignons du transsept des catho-
drales de Paris et. de Rouen, de Peglise abbatiale de Saint-Ouen de
Rouen, du chateau de Vincennes, pour reconnailre que les construc-
teurs connaissaient parfaitement les qualites des materiaux calcaires,
et qu'ils les choisissaient avec une attention qui pourrait nous servir
d'exemple. Au xv' siecle, on incline a employer de preference les
pierres douces, mais cependant celles-ci sont scrupuleusement triecs.
Au XVle siecle, trop souvent cette partie importante de l'art de batir est
negligee; les materiziux sont inegaux, pris au hasard et employes sans
tenir compte de leurs proprietes.
EMPLOI DES PIERRES A BATIK SUIVANT LEURS oUALrrEs-Plusieurs causes
contribuent a detruire les pierres calcaires propres a la construction,
et certaines causes qui agissent sur les unes n'ont pas d'action sur les
autres. De plus l'assemblage de pierres (le qualites diverses est parfois
nuisible a quelques-unes d'entre elles. Les principes (lestructeurs les
plus energiques sont les sels qui se developpent, par l'effet de l'humi-
dite, dans Finterieur meme des pierres, etles alternatives du chaud et
du froid. Toutes les pierres, gres, granits meme et calcaires. contien-
nent une quantite notable d'eau, et s'emparent, de l'humidite du sol
et de Patmosphere lorsqu'elles viennent a secher. Cette propriete, qui
est necessziire a Pagregation de leurs molecules, est en meine temps
la cause de leur destruction. Si les pierres sont posees pres du sol, en
elevation, elles tendent sans cesse a pomper Fhumidite de la terre, et.
cette humidite apporte avec _elle des sels qui, en se cristallisant par
l'effet de la secheresse de l'air, forment autant de petits coins qui desagre-
gent les molecules du gres, du calcaire et meme du granit. Ces mate-
riauxportent (l'ailleurs, dans leurs flancs, des sels que lbumidite atmos-
pherique met sans cesse en travail. Telle pierre qui, dans l'eau ou sous
le sol, ne se decomposera jamais, s'altere apres une annee de sejour a
l'air. La question est donc, non pas de priver les pierres de toute humi-
ditä, HIäIiS de faim R11 50116, pour les conserver, que cette humidite ait
une action du dehors au dedans et non du dedans au dehors; que les sels
qu'elles contiennent soient toujours a l'etat de dissolution, et qu'ils ne
tendentjamais avenir se cristalliser a leur surface ou qu'ils resfentä Petat
latent. Supposons une pierre calcaire, par exemple, posee enA (fig. l)
sur une assise de libages, et une fondation en beton ou en moellon :
par l'effet de la capillarite, dest-a-dire par suite de l'action aspirante de
cette pierre, Phumidite sera plus considerable en a, au coeur meme de
la pierre qu'a sa surface externe sechee par l'air; des lors les sels ten--