PERRON
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Voilä donc un jugement rendu par le suzerain, en plein air, du haut
du perron de son palais.
Ces perrons, par l'importance ineme qu'ils prenaient dans les palais-
et chateaux, etaientrichemcntbäitis, ornes de balustrades et de figures
sculptees. Quelques seigneurs, (Fapres un usage qui semble fort ancien,
attachaient memeparfois des animaux sauvages au bas des perrons,
comme pour en (lefendre l'approche. Un fabliau du X1116 sieclel rap-
porte qu'un certain senechitl de la ville de Home, homme riche et
puissant, avait attache un ours au perron de son palais. Euliaui, du
perron du chateau de Coucy, a Fentree de la grand Silllkääelillf une
table portant un lion de pierre, soutenue par quatre autres l-IOIISÜ,
On nous pardonnerala longueurde ces citations; elles elaient neces-
saires pour expliquer l'importance des perrons pendant. le moyent fige.
Nous allons examiner maintenant quelques-uns de ces monuments.
Un des plus remarquables, bien qu'il ne fut. pas ifunefipoque tres-
ancienne, elait le perron construit devant l'aile qui reunissait la sainte
Chapelle du Palais a Paris a la grand salle. Ce perron ydillilll, du regne-
de Philippc le Bel, et avait ete eleve par les soins d Enguerranrl rde
Marigny. A Favenement de Louis le Hutin, Enguerrancl ziyzint ele
condamne au gihet, son effigie fut a jettee du haut en hztsdes grands
a degrez du Palais3 v. Ce ne fut que vers la fin du (lernier sicclc que le
grand degre du Palais fut detruit, pour etre remplace par le perron
actuel (voy. PALAIS, fig. l). C'est devant cet emniarchenient, un peu
vers la gauche, qu'etait. plante le may. Nous donnons (fig: l) une vu?
perspective du perron eleve au commencement du XlVe SIOClCW. Lors-
qu'il fut detrult, des cclioppes encoinhraient ses deux murs d echitlre
et venaient s'accoler a la belle galerie d'Enguerrand; HlillSulil porte
qu'on voit dans notre figure subsistait encore presque eutiere, avec
seslrois statues. Une vofite pratiquee sous le grand palier superieur
permettait de communiquer d'un cote a l'autre derla cour. Le perron
du palais des comtes de Champagne, a Troyes. preseutait une dispo-
sition semblable, et dalaitdu commencement. du Xlll' sieclelldonnail
directement entre-e sur l'un des flancs de la grand salle. Au bas des
degres, ä quelques metres en avant, etait place un socle sur lequel on
coupait le poing aux criminels, zipres qu'on leur avait lu la sentence
qui les condamnait au (lernier supplice? Quelquefois ces perrons
' Le-Glzien et le Serpent (voy. Legrand d'Aussy).
' Quelques fragments de cc monument existent encore. Ils ont (Etc? dsäposäs dans If-
donjon.
1 Corrozet, Antiquiies de Paris.
' Restaurce ä l'aide des anciens plans du palais et des deux dessins de la collection
Lassus, qui ont ätd litllographiäs en fac-simile pour faire partie d'une monographie du
Palais.
s Voyez
1837.
le Voyage arcluiologiqzze
dans
däpartenzent
de
FA ube,
par Arnaud.
Troyc-I-