[ PEINTURE ] 106
ture, appelait la peinture, et qu'une litre coloree ne pouvait se poser
toute seule sur un mur conservant son ton de pierre. (l'est la un sen-
timent d'harmonie tres-juste. S'il est parfois des exceptions a cette
regle, c'est quand la peinture n'est consideree que comme unrezlessinä
de la forme. On voit certaines sculptures de chapiteaux, par exemple,
ct des bas-reliefs, dont les ornements ou les tigures sont redessines-
en noir ou en brun rouge; certaines gorges de nervures ou de fais-
ceau de colonnettes remplies d'un ton brun, pour tracer la forme :
mais cela n'est plus de la peinture, c'est du dessin, un moyen d'insister
sur des formes qu'on veut faire mieux saisir. Parfois aussi, comme
dans les voütes du choeur de la cathedrale de Meaux, par exemple, on
a eu l'idee de distinguer les claveaux des arcs ogives ou des arcs-dou-
bleaux au moyen de deux tons ditfeitents. Ce sont la des exceptions.
A l'article STATUAIHE, nous parlerons du mode de coloration des imae
geries et des statues, car les artistes du moyen age ont, le plus souvent
admis, comme les Grecs de Fantiquite, que la statuaire devait etre
coloree. Quant a la sculpture d'ornement des interieurs, tenue dans
des tons clairs sur fonds sombres pendant Fepoque romane et le
xn' siecle, vert clair ou jaune ocre sur fonds brun, pourpre et meme
noir, elle se colore plus vivement pendant le xnf siecle, et surtout
pendant le x1v0, afin de se detacher en vigueur sur les [iarties simples,
(zonformcment, au mode que nous avons signale plus haut. Si l'or appa-
rait dans la decorzilion, les feuillages des chapiteaux sont (lores en
tout ou partie sur fonds pourpre, bleu, ou vermillon. Si l'or est exclu,
les ornements se couvrent de tons jaune, vert vif, sur fonds tres-xfigoti-
reux, et le jaune est redessine de traits noirs comme l'or; car janlais
la dorure n'est. posee sans etrc accompagnee (lepaisseurs et de dessous
rouges, avec redessines noirs, atin de nettoyer et dkäclaircir les formes
de la sculpture. Ces traits noirs sont brillants, poses au moyen d'une
substance assez semblable a notre vernis, et ont toujours un wil brun.
De cette maniere la dorure prend un eclat et un relief merveilleux, elle
n'est jamais molle ni indecise. Si la dorure est posee en grandes sur-
faces, comme sur des fonds ou sur des draperies de statues, des gau-
frures ou un glacis donnent un aspect precieux et leger a son eclat;
on evite ainsi les reflets ecrasants pour la coloration voisine, les lu-
mieres trop larges et trop uniformement brillantes.
Terminons cet apercu de la decoration peinte des interieurs parune
remarque generztle sur le systeme adopte par les artistes, du mgyen
fige. Tout le monde a vu des tapis dits de Perse, des (zbales de l'inde;
chacun est frappe de Yeclat doux et solide de ces etotfes et de leur har-
monie incomparable. Eh bien l qu' on [examine le procede de colora-
tion adopte par ces tisserands orientaux. Ce procede est au fond bien
simple. Mettant de cote le choix des tons, qui est toujours sobre et de-
licat, nous verrons que sur dix tons huit sont rompus, et que la valeur
de chacun d'eux resulte de la juxtaposition d'un autre ton. Detilez un
chale de l'inde, separez les tons, et vous serez surpris du peu dääclat,