GRILLE
soit en Orient, soit par des artistes byzantins etablis en Lombardie.
Mais, outre que ces clotures etaient fort cheres, tant a cause de la ma-
tiere employee que par les frais de modele et de moulage, elles pou-
vaient etre brisecs facilement. Le fer, d'un emploi tres-commun dans
les Gaules des une epoque reculee, fut de preference adopte pour
toutes les clotures ajour fabriquees pendant le moyen age en France.
L'art du forgeron etait d'ailleurs developpe chez nous, e_t il se perfec-
tionna singulierement pendant les x19 et X116 siecles. Il faut savoir
qulalors on n'avait pas les moyens de fabrication introduits dans l'in-
dustrie moderne; le fer etait etendu en plaques ou corroye en forme
de barres, a la main, sans le secours de ces cylindres puissants qui,
aujourd'hui, reduisent instantanement un bloc de fer rouge en fil de
fer. Obtenir une barre de fer longue, d'une (Egale epaisscur, bien
cquarrie et dressec, (fetait la une premiere difficulte, dont nous ne
pouvons avoir une idee, puisque tous les fers nous sont livres, par les
usines, reduits en barres de toutes gross-eurs et de sections tres-variees,
sans que la main du forgeron ait en rien participe ace premier travail.
Bien que l'on ne puisse meconnaitre les immenses avantages de la
fabrication mecanique, il est certain cependant que les forgerons ont
du peu a peu perdre l'habitude de manier le fer et dlen connaitre les
qualites. Il y a vingt-cinq ans, on aurait vainement cherche a Paris
un forgeron capable de faeonner la grille la plus simple, et si nous en
trouvons aujourd'hui, c'est grace aux recherches sur les arts industriels
du moyen age, grace a quelques-uns de ces architectes qui, au dire
de plusieurs, ne tendent a rien moins qu'a faire retrograder l'art de
l'architecture vers la barbarie. Ceci dit, afin de rendre a chacun ce qui
lui est dü, occupons-nous des grilles. On comprendra sans peine que,
lorsqu'il fallait reduire a la main un morceau de fer rougi en une barre,
on evitait autant que possible de donner a ces barres une grande lon-
gueur. Le forgeron, oblige de retourner le bloc sur l'enclume et de
l'amener peu a peu aux dimensions d'une tringle equarrie, ne pouvait
depasser certaines dimensions assez peu etendues, et devait chercher,
par des combinaisons d'assemblage, a eviter les pieces tres-longues,
par consequent tres-lourdes. Cela seul explique pourquoi les anciennes
grilles sont composees, autant que possible, de petites pieces de forge.
Une des plus anciennes grilles que nous connaissions, et qui soit
une (euvre d'art, se trouve dans la cathedrale du Puy en Velay. Cette
grille ouvrante, a un vantail, se compose d'un chassis de fer de 0'204
sur 0'202 depaisseur, contenant quatre traverses separees par des mon-
tants de 0'",0l5 sur 0'202, entre lesquels sont disposes des rinceaux de
fer tres-artistement composes. Cette grille date, pensons-nous, du com-
mencement du X112 siecle. En voici un fragment (fig. l). Dans la hau-
teur, on compte cinq panneaux de brindilles soudees a des embases et
arretees-aux montants par des embrasses B. Ces embrasses ne sont pas
soudees, mais simplement. contournees a chaud. Le fer forge a la main