41 L GOET ]
soins et de peine, porter des constructions en petits materiaux, montes
et poses a la main. Observateurs fideles des principes de leur construc-
tion', ils voudront que ces principes soient apparents; leur appareil
n'est pas seulement une science, c'est un art qui veut etre apprecie,
qui s'adresse aux yeux, OXPllFIÜC a tous les procedes employes sans
qu'il soit necessaire (l'en-e initie aux secrets du praticien. Jamais la
construction ne (lissiniule ses moyens; elle ne parait etre que ce qu'elle
est. Aussi (et c'est la une observation que chacun peut faire) un editice
du moyen age gagne plutot qu'il ne perd a faire voir son appareil, les
joints et lits de sa (zonstruction; en peut-on dire autant des ediiices
batis depuis le XVII1'siet"le? Dans la plupart de ces monuments, au con-
traire, la construction reelle n'est-elle pas tellement en desaccord avec
les formes, qu'on est forcement entraine a chercher les moyens pro-
pres a la flissimuler? Imagine-t-on l'effet que produirait, par exemple,
la colonnade du Louvre avec des joints et lits franchement accuses
comme ils le sont sur la faeade de Notre-Dame de Paris ? En cela donc
on ne peut refuser aux architectes du moyen age d'etre vrais. Un ob-
jeetera pcut-etre (feci: que les Grecs et les Romains meme n'ont pas
accuse l'appareil, les moyens de la construction, le detail de la structure,
et que cependant on ne saurait pretendre qu'ils ont ainsi manque de
goüt en cessant detre vrais. Les Grecs et les Romains, lorsqu'ils ont
employe la pierre ou le marbre, ont eu en vue delever des edifices qui
parussent tout d'une piece; ils posaient leurs pierres parfaitement
jointives, sans mortier entre elles, de maniere que les sutures demeu-
rassent invisibles. Chez les Grecs, l'idee de donner a un ediüce l'aspect
d'une matiere homogene, comme le serait un monument taille dans le
roc, etait dominante a ce point que, s'ils ne pouvaient employer des ma-
teriaux d'une extreme finesse et purete, lorsqu'ils bätissaient avec de la
pierre et non du marbre, ils revetaient cette pierre d'un stuc fin, colore,
qui cachait absolumentces joints et lits a peine visibles. Or nous avons
adopte ou cru adopter les formes de l'architecture des Grecs et des
Romains, et nous construisons comme les architectes du moyen age,
en posant nos pierres sur mortier ou platre. C'est alors que nous ne
faisons pas preuve de goüt, puisque notre construction est visible,
malgre nos efforts pour la dissimuler, et que nous adoptons des formes
evidemment alterees si l'appareil reste apparent. Si donc, en construc-
tion, pour montrer du goüt, il faut etre vrai, les anciens, comme les
artistes du moyen atge, ctaient des gens de goüt, et nous ne saurions
aujourd'hui pretendre au meme avantage.
Passons aux dispositions generztles. On ne saurait nier que nos eglises
du moyen age, grandes ou petites, remplissaient parfaitement leur
Objet; que les plans de ces edifices, empruntes le plus souvent a la ba-
silique romaine, mais profondement modities suivant les besoins et les
Voyez Goxsmucnux.