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details de l'architecture, et l'on pourra reconnaitre meule que cette
qualite generale en matiere de goüt se retrouve jusque pendant le
xvu" siecle. Il suffit de voir comme etaient coneus les chateaux de
Vaux, de Maisons, de Coulommiers, du Raiucy, de Berny, de Vcrsailles,
de Monceaux, de Saint-Germain, de Chantilly, leurs parcs et dopen-
dances, pour s'assurer que le gout, chez les architectes qui ont preside
a la construction et a l'arrangement de ces residences, notait pas seu-
lement une qualite s'attachant aux details, un tour indelinissable a que
le sentiment seul comprend et qu'aucune analyse ne peut demontrer n,
mais au contraire le resultat de bonnes traditions, du savoir, de vues
generales, justes et larges en morne temps, resultat dent les causes
comme les effets peuvent etre (iefinis. C'est bien plutot. dans les dis-
positions d'ensemble que leS ZIFChitGCtkBS (111 xvue siecle montrent leur
gent que dans Pexecution des details. Par le fait, le gent se manifeste
dans tout, preside a tout, au milieu des civilisations qui sont dans les
Conditions propres a son developpement. ll y a autant de goüt dans la
composition et l'ordonnance du Parthenon, dans la maniere dont il est
plante sur l'Acropele d'Ath'enes, que dans le trace et lexecution des
profils et des sculptures.
Voyons maintenant comment les artistes du moyen Lige, en France,
ont manifeste cette qualite essentielle. Ainsi que nous l'avons dit plus
haut, le vrai est la premiere condition du goüt. Les architectes de ces
temps possedent de la brique pour batir, leur construction ne simulent
pas un edifice de pierre de taille; ils adopteront, non-seulement la
structure, mais la decoratien que peut fournir la brique: ils eviteront,
dansles bandeaux et les corniches, les fortes saillies; ce ne sera pas par
la sculpture qu'ils produiront de l'effet, mais par les masses que don-
nent naturellement des parements de terre cuite revetant un blocage.
Aussi les monuments de brique eleves par les architectes du lllüypn
age rappellent-ils CQPlZZIlIIBS constructions romaines du temps de l'em-
pire; employant les memes procädeS, ils etaient entraines a rappeler
les memes formes, bien qu'alors les habitudes des constructeurs fus-
sent tres-diiferentes de celles des Romains. Ils font ressortir la gran-
deur de ces masses simples par des cordons delicztts, mais tPÜS-ÜCQQÜ-
tues dans leurs details, ainsi qu'on peut les composer. aveu des briques
posees sur l'angle et en encorbellement. S'ils melent la pierre a la
brique, et si la pierre est rare, ils ne l'emploieront que pour des
colonnes monestyles, des chapiteaux, des tablettes de corniches, des
corbeaux sculptes, des appuis de fenetres, des jambages et des aI-chp
voltcs. Plus la matiere Icst cherc, plus ils sauront en rehausser le prix
par la main-d'oeuvre. Ecenomes de materiaux (ce qui est encore 11m;
preuve de gent), ils ne les prodigucrontpzls inutilement, les choisissant
suivant la fonction qu'ils doivent remplir, la place qu'ils doivent occuper,
Dans un moine edifice, nous verrons des colonnes Inonoslyfliws, dont
le transport, la taille et la pose ont du demander beaucoup de temps, de