OUVRIER
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perce au centre de sa voüte. On descendait au rez-de-chaussee a la
salle C, qui devait servir egalement de prison, par un escalier a vis. A
cette salle G estjoint un cabinet düiisances; elle ne recevait de jour
que par une tres-petite ouverture D. Si l'orifice des oubliettes restait
beant dans le cachot, s'il n'etait pas ferme par un tampon, on coneoit
quelle devait etre la situation du malheureux prisonnier craignant sans
cesse de tomber dans ce trou qu'il ne pouvait voir, puisque le cachot
ne reeoit pas de jour. Les deux orifices, celui de la voüte et celui des
oubliettes, se correspondant exactement, de la trappe A on pouvait
faire tomber quelqu'un dans le puits sans prendre la peine au prealable
de le descendre dans le cachot. Nous sommes descendu au fond de ces
oubliettes ; nous y avons trouve le rouet qui a servi a les fonder, mais
aucune trace d'etre humain. En B est le niveau du fond du fosse. En
les creusant de 2 rnetres nous en avons fait un puits qui donne de l'eau
pour les besoins du chateau. Dans ce meme ehateau il existe d'autres
cachots semblables a celui-ci, sauf le puits des oubliettes ; dans l'un
de ces cachots nous avons constate l'existence de noms graves, et une
grossiere sculpture faite sur les parements. On pretend qu'au (zhateziu
de Blois il existe ausi des oubliettes, mais nous n'avons pu en verilier
exactement la forme.
OUVRIER, s. m. Quelle etait la situation de l'ouvrier de batiments au
moyen age? Cette question est difficile a resoudre. Avantfetablisscmeiii.
regulier des corporations, vers le milieu du X1116 siecle, l'ouvrier etait-il
libre, comme celui de notre temps, ou faisait-il partie d'un corps, obeis-
sant a des statuts, soumis a une sorte dejuiidiction exercee par ses
pairs ? Les marques de tacherons que l'on trouve sur les pierres des pa-
rements de nos monuments du X119 siecle et du commencement du X111",
dans Flle-de-Idrance, le Soissonnais, le Beauvoisis, une lyartie de la
Champagne, en Bourgogne et dans les provinces de l'Ouest, prouvent
evidemment que les ouvriers tailleurs de pierre, au moins, nctaientpas
payes a la journee, mais a la tache. Suivant le mode de construire de
cette epoque, les pierres des parements faisant rarement parpaing et
ifetant que des carreaux d'une epaisseur a peu pres egale, la macon-
nerie de pierre se payait a tant la toise superficielle au maitre de Yrnuvre,
et la pierre taillee, compris lits etjoints, a tant 1a toise de meme a
l'ouvrier. Celui-ci marquait donc chaque morceau sur sa face nue afin
que l'on put estimer la valeur du travail qu'il avait fait.
Il faut bien admettre alors que l'ouvrier etait libre, eiest-a-dire qu'il
pouvait faire plus ou moins de travail, se faire embaucher ou se retirer
du chantier comme cela se pratique aujourd'hui. Mais vers le milieu
du X111" siecle, lorsque les reglements d'Etienne Boileau furent mis en
vigueur, ce mode de travail dut etre modifie.
Les ouvriers durent d'abord se soumettre aux statuts de la corpora-
tion dont ils faisaient partie; le salaire fut regle par les maitrises, et