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en firent rapidement une application fertile en resultztts. Jusqu'alors,
en France, on ne connaissait que la voüte romaine et l'on skävertuait a
la transformer, sans obtenir autre chose que de grossieres tentatives
accusant un desir de satisfaire a de nouvelles necessites bien plutot
qu'un progres. Ne construisant plus en blocages, rarement en brique,
la voüte d'arete romaine näätaitfermee qu'a la suite de diflicultes nom-
breuses, qu'a l'aide de tatonnements. Les aretes saillantes de la voüte
romaine moulee sur forme, lorsqu'on voulaitles construire en moellon,
ifoffraient pas de solidite ; on rehaussait les clefs, on cherchait un com-
promis entre cette forme de voute et la coupole, afin de donner le
moins de saillie possible a ces aretesi que l'on ne savait comment
maintenir entre les portions de cylindre ou de conoides poussant au
vide. On tendait toujours vers la coupole et l'on cherchait, au moyen
de cintres permanents, d'aretes appareillees, des le commencement
du xnc siecle, a maintenir les lobes des voütes. Ces aretes apparcillccs
(arcs diagonaux, arcs ogives) etaient dcja un grand pas de fait.
Les (llunisiens, qui, des le x10 siecle, etaient maitres en l'art de batir
et qui avaient forme une ecole d'architecture deja brillante a cette
epoque, furent les premiers qui surent appliquer Pogive a la construc-
tion, non-seulement des arcs, mais des voütes 2. En relations con-
stantes avec l'0rient, ils en rapporterentllirc brise, mais ce ne fut que
sur le sol franeais que cet arc determina une rcvolution dans l'art de
la construction.
En effet,tous les monuments clunisiens et cisterciens batis en Pales-_
tine avant le x11!" siecle, et si completcment decrits par M. le comte
Melchior de Vogue dans son ouvrage sur la Terre-Sainte 3, en adoptant
Fogive pour les arcs, conservent cependant le systeme de la structure
romane, et dans aucun de ces edillces Togive n'intervient pour modifier
la voüte dlireto romaine en berceau ou la coupole. Mais sitot intro-
duite dans les provinces francaises au nord de la Loire, Togive se mcle
a la voüte et la modifie. Voici d'abord comment le melange se fait.
Soit (lig. 2), une coupole hemisphcritlue dont nous presentons la pro-
jection horizontale en perspective; inscrivant un carre abccl dans le
cercle et elevant deux plans verticaux sur les deux diagonales arl, bc,
on coupe llhemisphere en quatre parties cgalcs (ebe, ace, ode, (Ibe. Un
plan vertical eleve sur ab coupera Phemisphere suivant un demi-cercle
abf, et en supposant que ce demi-cercle est un arc-doubleau plein
cintre, ayant opere de meme sur les quatre cotes du carre, on aura
obtenu une calotte hemispherique penetree par quatre cylindres se
' Voyez les voütes des bas cütfis de Fäglise de Saint-Martin-des-Glnzlmps, a Paris; celles
Les bas cütüs de Fäglise de Poissy, etc.
"l Les arQs-doublcaux d: Fäglisc Saint-Front de Paäriguzux datent des derniärcs annäcs
lu me siizcle et sont ddjai des arcs brisäs.
a Les Elglises de la Terre-Sainte, par lo comte Mclch. de Voguä ct Duthoit. Paris, 1860.
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