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regle.Non-seulen1ent ces grandes eglises ne contenaient pas de trans-
sepl, mais elles etaient depourvues de chapelles laterales ; c'est a peine
sur les bas cotes du sanctuaire. Des fouilles que nous avons fait faire
dans la cathedrale de Sens, bätic, comme on sait, vers le milieu du
X110 siecle, ont mis ajour les bases des piliers qui passaient au milieu
du transsept actuel, et lorsqu'on est prevenu de ce fait, on reconnail
aisement comment, au xlv" siecle, des bras de croix furent ajoutes a
cette grande eglise en detruisant deux travees de la nef a droite et a
gauche. A Senlis, meme disposition; la cathedrale se composait d'une
nef avec collateraux sans transsept. L'adjonction de la croisee est la
facilement reconnaissable. La cathedrale de Meaux, qui datait de la
fin d11 x11" siecle, etait originairement depourvue de transscpt. A Paris
meme, des fouilles, faites dans le prolongement des piliers du chreur
et des traces restees visibles dans les reins de la grande voüte de la
croisee, nous portenta croire que cette eglise avait etc conque sans
transsept. A Bourges, enfin, dont la construction remonte aux premie-
res annees du X1110 siecle, mais dont la composition comme plan, est
plus ancienne (voy. (latrmizlinfuas), il n'existe pas de transsept. On peut
donc conclure de ces faits que le programme de la cathetlrale francaise
du X110 siecle, donne au moment ou les eveques, reunissant les efforts
des communes, commenceront ces grandes constructions, ne demandait
qu'une nef centrale avec collateraux, sans chalcidique, croisee ou
transsept, et meme souvent sans chapellesLa cathcdrale francaise n'etait
donc qu'une salle, qu'une basilique; lieu de reunion pour les citoyens,
au centre duquel etairsnt l'autel et le trone de Peveque, la calltedrct. Re-
marquons encore que, dans la plupart de ces edilices, a Paris, a Senlis,
ä Meaux, ily avait des galeries superieures disposees comme sont les
allees de premier etage de la basilique antique. Un texte vient appuyer
ce fait de l'absence des transsepts dans les eglises cathedrales rebaties
au moment ou l'art de l'architecture passe aux mains des laiques.
Guillaume Durand, dans son Rational, en decrivant les diverses
Parties de Peglises, dit (chap. 1, g 17) : a Certaines eglises sont faites en
forme de croix n, et en pretant un sens mystique a chacune des parties
de Teglise, depuis 1e ceeurjusqukau porche, il ne parle pas du transsept.
01', puisqu'il observe que cc certaines eglises n etaient, de son temps, en
forme de croix, ce dont on ne peut douter, il en existait qui n'en posse-
daient point, et Guillaume Durand, eveque en 1285, mort en 1296, avait
dü voir encore plusieurs cathedrales franeziises depourvfues de trans-
Septs. L'attention minutieuse avec laquelle le eelebre prelat cherche a
donner une signification symbolique religieuses aux divers parties de
Peglise indique d'ailleurs les tendances du haut clerge a Fepoque ou il
ecrivait. Ilsagissait alors d'enlever a la cathedrale, construite a l'aide-
de circonstances plutot politiques que religieuses, le caractere civil
qu'elle conservait dans l'esprit des populations urbaines; et, pour nous,