MEURTRIÜRE
pour permettre de voir a couvert ce qui se passait au dehors que pour la
defense. Il est certain que ces longues rainures fatrililziieut. la surveil-
lance des dehors, mais il est impossible d'admettre qu'elles nedussenl
pas servira la defense. Uecliancrure inferieure seule qui ouvre langlt-
du lir demontrerait leur fonction. Nous avons essaye de tirer a travers
ces rainures, non au moyen d'une arbalete, ce qui est aussi tacite-
qu'avec un mousquet, mais avec un arc; les cotes de la rainure, au lieu
de gener le tir, remplissent Pofüce d'une mire et le rendent au con-
traire plus sur que si l'on visait un objet en plein air. D'ailleurs, les
textes des xu" et X1110 sieeles mentionnent souvent ces arcltferes pour
lavzclzicfr, iraire et däfendre. On observera que, quand les murs ont une
tres-forle eipaisseur, comme dans l'exemple precetlent, les constructeurs
ont toujours pratique ces larges niches qui permettent au tireur de
s'approcher du parement exterieur, ce qui diminue d'autant pour lui
la profondeur de Febrasement.
Il existe cependant des defenses tres-fortes du commencement du
xmc siecle, dont les meurtrieres, assez rares, etaient plutot faites pour
surveiller les dehors que pour offrir un moyen de defense. A la porte
de Laon de la ville de Goucy, dont la construction date de 1210 envi-
ron, les deux grosses "tours sont percees de meurtrieres dont l'angle
peu ouvert et Yextreme profondeur ne pouvaient guere que donner
une vue sur un point, mais de la lumiivire et de l'air a Finterieur (les
salles. Voici (fig. 6) une de ces meurt rieres.
En A, nous avons tracele plan; en B, la coupe, et en C, lÜlEÜvzttlOtt
interieure. Ici le constructeura craint d'affamerles murspar des niches
profondes, et il n'a donne aux ebrasements des archeres qu'un angle
tres-peu ouvert. Les rainures ne sont pas entaillees a leur extremite
inferieure pour augmenter le champ dutir, et bien que ces meurtrieres
soient tres-elevees au-dessus du fosse, leur inclinaison est peu consi-
derable. Ces sortes de meurtrieres ne peuvent donc etre considerees que
comme des vues sur les dehors et des prises de jour et d'air. Les niches
ne sontpas garnies-de bancs, ce qui est encore un indice de leur usage
etranger a la defense; carpartout ou l'on posait un factionnaire ou un
(lefenseur a Pinterieur des tours et logis, on trouve le banc de pierre.
La saillie D portait les planchers.
Nous avons dit que vers la fin du XIVÜ siecle, on renonea aux meur-
trieres percees aux elages inferieurs des tours et courtines. S'est qu'en
effet, a cette epoque, l'art du mineur s'etaittres-perfectioxme, et que ces
longues rainures indiquaient au dehors les points faibles de la (fonstrue-
tion. En creusant une mine entre deux de ces rainures on elait presque
assure de faire tomber toute une portion de muraille. L'avantage qu'on
retirait donc du percement des meurtrieres inferieures ne compensait
pas les dangers qu'elles presentaientpourles assiegesl Alors on etablitles
hourds permanents ou machicoulis a la crete des tours et courtines, avec
crenelziges et archeres percees dans le milieu des merlons. Les construc-
tions inferieures resterent entierement pleines, empattees, epaisses.