[ MENUISERIE ] 380
Uhotel de La Tremoille, a Paris, possedait encore dans l'otage au-dessus
du portique donnant sur la cour des chassis de croisee fort delabres et
dependant de la construction primitive, datant de la fin du xv" siecle.
Ces chassis (fig. 21) garnissaientdesfenetres composees d'un meneau cen-
tral avec une traverse de pierre. Ils consistaient donc en quatre compar-
timents : deux grands oblongs inferieurs et deux carres. En A, nous
donnons l'un des chassis inferieurs et en B l'un des chassis poses au-
dessus de la traverse.
Ces chässis possedaient des dormants fixes dans la feuillure de pierre
par des pattes, ainsi que cela se pratique encore aujourd'hui. Les chassis
inferieurs pouvaient s'ouvrir dans toute leur hauteur de a en l) au moyen
de paumelles, et partiellement en tabatiere, de c en (l. Les chässis supe-
rieurs s'ouvraient aussiau moyen de paumelles. EnC est tracee la section
suref, les chassis AB etant vus a Finterieur. En D est indique l'angle
inferieur du chassis A avec les jets d'eau a Fexterieur.
Nous avons trace a une echelle double, (fest-Et-dire il pour metre,
en A', la section sur glt; en F, la section surik; en G, la section sur lm;
en H, la section sur m n, et en I, la section sur op. En L est donnee la sec-
tion sur 11s, et en M la section sur t v. Des feuilles de volets a jour, indi-
quees en VXY, se repliant en deux, ainsi qu'il est marque en u, fer-
rees sur les dormants, permettaient de masquer les vitres a Finterieur.
Ces croisees, de bon bois de chene, etaient tracees et faconnees avec
grand soin ; leurs vitraux etaient, comme nos vitres, poses en feuillure et
mastiques. La figure 22 donne l'assemblage dujet deauinferieur A dans
le montantdu dormant B. On voit en D comment le jet d'eau du grand
chassis ouvrant venait sembrever en partie dans le montant dormant
possedantune gueule de loup. C donne leprotil de ce jet d'eauA ; ce profil
etait trace de maniere a empocher l'eau de pluie chassee par le vent,
suivant l'inclinaison ab, de remonter dans la feuillure c. La courbedb
obligeait la goutte d'eau, poussee par le vent sur ce proül a suivre la
courbe de, dest-a-dire a retomber a Pexterieur. Ces details font voir avec
quelle attention les menuisiers de cette epoque etablissaient leurs
epures, comme ils donnaient aux moulures une forme convenable en
raison de leur place et de leurdestination. llfautreconnaitre que depuis
ce temps nous n'avons pas fait de progres sensibles dans l'art de la me-
nuiserie du batiment.
Les chassis de croisee n'etaient point ferres alors comme ils le sont
aujourd'hui au moyen d'equerres entaillees; les ferrures des paumelles,
qui quelquefois formaient equerres, etaient posees sur le bois au moyen
de clous et d'attaches (mais non entaillees) : il fallait donc que les assem-
blages de ces chassis fussent tres-bien faits pour eviter des deformations
et les dislocations. Les ferrures entaillees sont une bonne chose, mais
les mGHHiSiGFS S'y tient trop pour maintenir les assemblages; puis elles
contribuent singulierement a l'exterieui' a hater la pourriture des bois
precisement au droit de ces assemblages.