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lonnement a celui donne par la combinaison de la claire-voiede pierre.
Si l'on veut examiner ces meneaux avec attention, on reconnaitrzi
que tous les points faibles, ceux qui doivent subir les plus fortes
pressions, sont etayes ou etresillonnes par des courbes qui tendent ä
rendre tous les membres solidaires; que ces courbes sont tracees en
raison de la veritable direction des pressions, de maniere a decomposer
celles qui sont obliques et a les ramener a des pesanteurs zigissant
verticalement; que les joints d'appareil sont coupes perpendiculaire-
ment a la direction de ces pressions, afin d'eviter les joints maigres,
sujets a glisser ou a causer des brisures. Nous n'avons pas pour ce
genre d'architecture un goüt bien vif, mais il nous est impossible
de ne pas reconnaitre la l'oeuvre de constructeurs tres-experimentes,
tres-savants, logiques jusquTt Fexces, et chez lesquels la fantaisie ou le
hasard n'avaient pas de prise. Quand l'abus d'un principe conduit a de
pareilles conceptions, il faut deplorer l'abus, mais il faut equitablement
constater la valeur du principe et tacher d'en tirer profit en evitant ses
cxces. Ces gens-lit connaissaient a fond les ressources de leur art, ne
faisaient toute chose que guides par leur raison. Il ne nous appartient
pas zinjourrfhui deleur jeter la pierre, nous qui, possesseurs de mate-
riaux varies et excellents, ne savons pas en tirer parti, et qui montrons
Ifotre insuffisance lorsqu'il s'agit de combinaisons de ce genre en archi-
tecture. Dans ce dernier exemple, les meneaux verticaux sont d'une
seule piece chacun, de l'appui a la naissance des courbes. La barre G
traverse la tete de ces meneaux et maintient les sommiers de la claire-
voie au moyen de goujons d'os1. Quant aux barres H, ce sont des
barlotieres simplement eugagees d'un centimetre on deux dans les
montants. Des vergettes maintenaient les panneaux des vitraux engages
dans les feuillures l. Les barres et barlotieres, ainsi que les tringles e,
sont garnies de pitons et de clavettes. Les architectes du xve siecle se
fiaient si bien a la combinaison de leurs meneaux, qu'ils les taillerent
souvent dans la pierre demi-dure, dans du banc royal, par exemple.
1l faut dire aussi qu"ils leur donnaient une section relativement plus
forte que celle adoptee pour les meneaux du XIVC siecle, qui sont tou-
jours les plus delicztts. (les compartiments de meneaux furent conserves
jusque vers le milieu du XVIe siecle. Cependant, a Pepoque de la re-
naissance, quelques tentatives furent faites pour mettre les Ineneaux
en harmonie avec les nouvelles formes de l'architecture en vogue a
cette epoque. Tcmoin certains des mcneaux de Peglise de la Ferte"
Bernard, qui presentent le plus singulier melange des traditions du
moyen age et de reminiscenctis de Pantiquite romaine, On croirait voir
des arabesques de Pompei executees en pierre.
1 A dater du xve siLjcle, les constructeurs, qui avaient eu l'occasion de constater combien
les goujons de for, en gonflant par suite de l'oxydation, otaicnt projudiciables aux travaux
de pierre et les faisaient oclater, romplacizront ces goujons de lnotal par des goujons (VOS
de mouton ou de corne de cori". (les derniers ont conservü toute leur Lluretä;