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a quent de les prononcer avec. independance, s'adressaient a la cour du
u roi, et demandaient que Pinculpe füt tenu, comme vassal directde la
(f couronne, de repondre devant elle a
Grace a cette intervention du parlement du roi dans les contestations
entre vassaux, intervention provoquee par les baillis royaux, un grand
seigneur possedant un fief' relevant d"un seigneur moins puissant que
lui ne pouvait plus y elever une de ces demeures fortiiiees qui eüt do-
mine le pays; il etait contraint de se contenter d'un simple manoir,
auquel, bien entendu, il donnait, si bon lui semblait, toute llimpor-
tance, comme habitation, mais non comme place forte, d'un veritable
chateau. C'est aussi au moment ou la feodalite est serieusement atta-
quee, dest-it-dire a dater du regne de Louis IX, que l'on eleva beau-
coup de grands manoirs en France. Ces manoirs, bien qu'ils ncussent
pas les signes visibles de la demeure feodale, dest-a-dire les tours mu-
nies, les courtines et le donjon, posscdaient, comme fiefs, les droits
feotlaux, droits de chasse entre autres, car nous voyons presque tou-
jours que des gfzrevmes depeildenl, des manoirs; orla garenne, comme
l'a demontrc Mu Championniere "l, etait le droit exclusif" de (ThHSSO sur
les terres des vassaux, et non le droit d'elever, en certains lieux, des
lapins. Mais des arrets du parlement 3 avaient admis en principe que
le droit detablii- de nouveaux peagcs, de nouvelles garennes et de
nouveaux viviersl nkippartenait qu'au roi. Ainsi, d'une part le roi, par
l'organe du parlement, s'opposait, autant quIil etait possible, a la con-
struction des chäteaux fortifies, et de l'autre refusait la sanction des
droits les plus chers aux seigneurs, la chasse etles peages, lorsque ces
droits ifetaient pas etalalis sur une possession anterieure. D'ailleurs,
l'acquisition d'un fief ne donnait pas les prerogatives de la noblesse,
et si des roturiers achetaient un fief ou portion d'un fief, ce qui. eut
lieu frequemment a dater du Xlllc siecle, ils ne pouvaient y batir un
chateau, une demeure fortifiee. Des tzontestations slelevaient souvent
entre un seigneur et son vassal sur la nature de la construction elcvee
par ce dernier; beaucoup de manoirs pretentlaient ressembler a des
chateaux et tenir lieu de defense, a dater du moment surtout ou les
grands barons ruines etaient obliges d'alienei' leurs biens. Ce fut ainsi
que pendant les xlvt et xve siecles la France se couvrit de manoirs qui
pouvaient proteger leurs habitants contre les bandes armees repandues
sur le territoire, et que beaucoup de maisons de proprictztires de fiefs
devinrent des postes assez bien munis et fermes pour inquieter le pays
et ajouter aux causes de dcsordre de ce temps.
f Les Olim, publ. parle comte Bougnot, t. I", notes, p. 1045. Docum. indfl. w;- l'histoire
de France, 1" seric, hist._1J0lit.
2 De la proprziätä des eaux courantes. Paris, 1846, p. 86-97.
" Voyez ce sujet unhrrüt de 1317. (les Olim, t. lll, 2': part.,1317, an: LXV).
1 Les vivario ou viaria dtaicnt des lieux clos ou non, dans lesquels ätaicrut äleväs des
animaux de petite espizcc, et parliculibrement des lapins.
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