MANOIR
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larges fosses 1. Cependant, des le X111" siecle, ladistinction entre le cha-
teau et le manoir fut moins tranehee en Angleterre que de ce cote-ri
du detroit. Beaucoup de (fvhtiteaux anglais de cette epoque seraient pour
nous de grands manoirs, en ce qu'ils ne possedent pas les defenses qui
constituent chez nous le ehate1tu. Les chateaux d'Aydou (Nothumber-
land), de Stokesay (Shropshire) 2, seraient, en France, classes parmi les
manoirs, et cei11i (YAydon particulierement est un des plus Complets et
des plus vastes que l'on puisse voir. ll comprend un corps de logis prin-
cipal a trois otages, avec ailes, des cours et un jardin enclos de bonnes
murailles. Ce manoir est crenele, mais ne possede ni tours ni donjons,
Les chateaux les plus forts en Angleterre conservent, sauf de rares
exceptions, une apparence de maison de campagne qui les distingue de
nos grandes residences feodales, telles que (loucy, par exemple, ce
qurxplique Petat interieur du pays depuis le X111" siecle.
Plusieurs des chateaux de la Guyenne, batis sous la domination
anglaise, bien qu'ils conservent, dans leurs (letails, tous les caraeteres
de l'architecture franc-aise de la fin du X111" siecle etdu commencement
du Xiv", presentent cette particularite de rappeler les dispositions des
grands manoirs angle-normands. Il suffit, pour s'en assurer, de feuilleter
l'excellent ouvrage qu'a publie sur ces edifices M. Leo Drouynä. Logis
carres, avec enceintes, absence de tours Ilanquantes, laaliments perces
sur le dehors, basses-cours entourees de murs, fosses exterieurs. Plans
irreguliers comme ceux de la villa romaine, services separes les uns des
autres et formant autant de corps de batisses. Les Anglais ont conserve,
dans les dispositions des maisons de campagne qu'ils elevent aujourd'hui,
ces traditions du moyen age, ne s'en trouvent pas plus mal et appliquent
sans difiiculte ces principes vrais ala vie moderne. Nous reconnaissons
volontiers que les Anglais sont nos maitres en fait de confort (ils ont
trouve le mol), etnousrepetons sur tous les tons que l'architecture du
moyen age ne peut se preter a nos habitudes modernes. Il y a la une de
ces contradictions si nombreuses dans les jugements que nous portons
en France a propos des choses d'art.
Deja, dans le chateau du moyen age, on reconnait queles services di-
vers occupentla place convenable, prennentleur importance relative sans
que les architectes se soientautremen tpreoccupes des questions de syme-
trie. Mais dans le chateau la raison militaire imposait souvent des distri-
butions qui ont pu contrarier ou modifier certaines habitudes de bien-
etre(voy. CIIATEAU"); il n'en estpas ainsi dans le manoir. La il s'agit seu-
lement de satisfaire aux besoins et aux gouts de lihabitaut. La question
de defense est accessoire; le manoir n'estqu"une maison de campagne
f Lnbeuf, Ilist. du (liocdse de Paris, t. XIV, p. 324.
2 Iionzest. archit. thirteenth century, clmp. lV.
2 La Guienne wnilitaire pendant la (lomination
dcaurc.
anglaise,
Pilr
1.60
Drouyn
Bor-