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Voici (fig. 26) une maison de Beauvais' qui presentait cette disposition.
Au rez-de-chaussee etait un portique avec boutiques en arriere, ainsi
qu'on en voit encore a Reimsg. Le premier etage sur la rue se compo-
sait de deux pieces auxquelles on montait par un escalier a vis dispose
au fond de l'allee A. Sous le comble etait une grande piece eelairee par
deux lucarnes, une sur la rue, l'autre sur une petite cour. Cette habita-
tion datait du commencement du xve siecle. ll existe encore quelques
maisons de ce genre a Ürleans, sauf le portique.
Apres la guerre de Pindependance, au xve siecle, lorsque les Anglais
furent contraints dlabandonner le nord et l'ouest de la Fraince, il y eut,
sous le regne de Louis XI, un mouvement prononce de prosperite au
sein des populations urbaines. Des constructions privees seleverent en
grand nombre, a Paris, a lteims, a Orleans, a Beauvais, a Itouen, dans
toutes les cites de la Normandie, de la Picardie et de FIle-de-lfrance.
Par suite de ce besoin de construire, le terrain acquit une valeur cou-
siderable, et tout en laissant une circulation libre arez-de-chaussee,
en supprimant meme les portiques, dont les piliers ou poteaux etaient
un embarras, on posa les faeades en encorbellement sur la rue des le
niveau du plancher du premier etage. Ces faeades devenaient ainsi
de veritables breteches, larges et donnant aux etages jusquia 2 metres
de saillie sur le nu du soubassement. Les devantures des boutiques
etaient des lors parfaitement abritees. Ce sjfsteme de construction etait
surtout admis au debouche des rues sur les places de marches, presque
toujours entourees de portiques.
On voit encore a Reims 3 une maison dont la faeade en pan de bois,
parfaitement conservee du haut en bas, est ainsi portee en encorbelle-
ment sur cinq fortes potences et est en saillie de 111565 sur la voie pu-
blique (fig. 26 bis). Diun cote, un mur mitoyen A de pierre porte les
cheminees, et sa jambe etriere reeoit deuxliens. De l'autre, la mitoyen-
nete n'est etablie que par un simple pan de bois. Les statues de bois
qui etaient rapportees surle poteau cornier du cote de la jambe etriere
de pierre n'existent plus; mais les deux liens inferieurs extremes re-
presentent sculptes, en demi-ronde bosse, d'un cote Samson tuant le
lion, et de l'autre saint Michel terrassant le demon. Ce pan de bois de
face, faisant breteche, puisqu'il prend unjour litteral, est taille avec une
grande perfection; et il faut, en effet, que ses assemblages aient ete par-
faitement disposes, puisque la charpente n'a pas subi de deformation,
bien que dans toute sa hauteur il n'y ait pas de croix de Saint-Andrä-
Les intervalles des poteaux sont bourdes en maconnerie et enduits.
Voici egalement (fig. 27) une maison de Rouen en pan de bois, a quatre
etages, un peu anterieure a la precedente, Üest-a-dire appartenant a la
' Cette maison existait encore sur la place de Beauvif
1s cote
f D'une äpoque plus räcente. , Omemah en 1834
' Place des Marchais.