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guere chez eux que pour prendre leurs repas et dormir. Au moyen age
au contraire, dans les villes du nord de la France, chaque famille vivait
dans sa maison; les citoyens n'avaient pas d'occasion de se grouper, et
les villes eussenbelles ete assez riches pour elever de nombreux edi-
fices publics, que le principe du gouvernement feodal s'y serait oppose.
Ueglise etait le seul monument de la cite ou la reunion des citoyens
füt admise; ainsi s'explique-ton Pempressement avec lequel les villes
populeuses vinrent en aide aux eveques, lorsqu'ils projeterent de con-
Struire les grandes cathedralcs. Mais lorsque cet elan fut tout a coup
Suspendu, la bourgeoisie, trouvant dans le pouvoir royal des garanties
Serieuses, se mita construire des habitations avec une ardeur toute nou-
velle, et le bois se pretait merveilleusement a la satisfaction prompte
de ces besoins: rapidite dans Fexecution, economie, et, ce qui importait
plus encore, faible surface occupee par les pleins.
Partout ailleurs, jusqu'a la iin du Xvi" siecle, l'architecture suit son
cours regulier; elle ameliore les habitations, les rend plus claires et plus
commodes, mais continuea employer les methodes romanes. La forme
seule se modifie. On voit dans la Bourgogne, dans le Lyonnais, dans le
Limousin, dans le Perigord, dans l'Auvergne et le Languedoc, des mai-
sons des Xive et xve siecles qui ne different de celles des X112 et X111"
que par leur style düirchitecture 4. Ni la structure, ni la disposition de
ces habitations ne se modifient d'une maniere sensible. Dans des pro-
vinces plus meridionales encore, et qui, au Xlvf siecle, n'etaient pas
francaises, on voit elever, a cette epoque, des habitations dont le style
conservait absolument le caractere roman. Telles sont, par exemple,
quelques maisons de la ville de Perpignan : l'une de ces maisons, qui
depuis avait eus aüectce au service du palais de justice, presente une
facade d'un gout presque antique, maigre les details empruntes au style
aragonais de cette epoque (fig. 24)? Du cote de l'Est, les traditions de la
construction romane se conservent aussi tres-tard dans les habitations,
dest-a-dire jusqu'au xv" siecle. Certaines maisons de Treves, de Gologne,
de Mayence, qui ont ete elevees au commencement du X111" siecle, pour-
raient, dans Flle-de-France et la Champagne, passer pour des maisons
romanes. On retrouve meme encore dans quelques-unes de ces habita-
tions des dispositions particulieres qui n'appartiennent en France qu'au
XII" siecle ou au commencement du xine: telles sont, par exemple, ces
cheminees dont les tuyaux sont portes en encorbellement Sous les murs
de face, a partir du premier etage (voy. CneMmEE). Nous donnons
(Hg. 25) la faeade d'une des vieilles maisons de la ville de Treves, qui
; ' Voyez Architecture civile et domestique de MM_ Vernier et Cattois,
" a Les colonnettes des fenätres du premier dtagc de cette maison sont de marbre; le
reste de la fagade est cdnstruit en pierre et en petit moellvn. On remarquera l'appareil
jexagärä des claveaux de la porte centrale, les plates-bandes des baies lauärales du rez-
de-chaussäe. Il y a 151 les restes de traditions qui sont bien dloignäes de celles des Pro"
vinces du Nord.