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Nous venons de dire que le pouvoir feodal clerical pesait plus lour-
ja dement alors sur les villes du Nord que tout autre. On se rappelle que
(dans l'article CATHEDRALE) nous avons explique comment les eveques,
_vers la fin du XIIe siecle, preoccupes de l'importance exageree que
prenaient les etablissements monastiques, lesquels avaient absorbe
a leur profit une grande partie de Fautorite diocesaine d'une part, et
desireux d'empieter sur le pouvoir feodal laique de liautre, s'enten-
dirent avec la plupart des grandes villes situees au nord de la Loirel,
pour elever des cathedrales qui deviendraient le monument de la cite,
dans lequel les habitants pourraient se reuniraleur gre, "traiter des
affaires publiques, faire juger leurs procesg; comment ces eveques espe-
raient ainsi detruire le pouvoir colossal que s'etaient attribue les zibbayes,
et amoindrir celui des seigneurs laiques; comment cette tentative, d'a-
bord secondee avec une ardeur extreme par les cites, echoua on partie
a la suite de la protestation des quatre barons delegues en 4.246 vers le
roi Louis IX, et de Petablissement des baillis royaux; comment cepen-
dant la bourgeoisie, faisant alliance plus intime avec la royaute, dont
elle sentait des lors le pouvoir protecteur, cessa brusque-ment de sub-
venir a la construction de ces immenses basiliques, regardees comme
une garantie de leurs libertes futures, pour lutter contre le pouvoir
feodal de Yeveque et des chapitres, le plus etendu, presque toujours,
dans la cite. Cette lutte, soutenue souvent par les seigneurs laiques et
toleree par le pouvoir royal lorsqu'il y trouvait un moyen (Yetendre son
autorite, eut pour resultat d'entretenir au sein de la population de ces
villes une fermentation incessante et de lui donner une idee de sa force
si elle se maintenait unie. De la ces habitations si intimement liees, si
voisines, toutes construites ä peu pres sur un meme programme suivi
jusqu'a la tin du xve siecle.
Il nous faut toujours penetrer dans les moeurs du moyen age lorsque
nous voulons avoir la raison de son architecture. Les Romains passaient
une grande partie de leur temps dans les monuments publics, dans les
basiliques,sous les portiques, dans les thermes et les edifices destines
a des jeux, theatres, cirques amphithezltres, etc. Bien que, de nos jours,
les grandes villes contiennent beaucoup de monuments publics, cepen-
dant, lorsqu'on jette les yeux sur le plan de la Rome antique, ou les
monuments occupent une si grande surface relative, on se demande ou
logeaient les habitants d'une ville aussi populeuse : c'est que les Ro-
mains (nous ne parlons pas de ceux quipossedaient des palaisimmenses
dont la surface prenait encore un espace considerable) ne demeuraient
1 Noyon, Senlis, Paris, Bourges, Chartres, Rouen, Sens, Arras, Amiens, Cambrai, Troyes,
Reims, Laon, Soissons, Beauvais, Auxcrre, etc.
' Par suite de ce raisonnement a que PEglise, en vertu d'un pouvoir que Dieu lui a
donne, doit prendre connaissance de tout ce qui est pächä, afin de savoir si elle doit
remettre Ou retenir, lier ou delier. n (Mtait 151 un cmpiätement sur le pouvoir judiciaire de
la fäodalitä laique en masse.