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des XIV' et xv" siecles presque entierement construites en bois, dont la
construction meritait d'etre etudiee, et qui avaient echappe aux incen-
dies du xvi" siecle. Nous donnons (fig. 22) l'une d'elles, que nous clas-
sons parmi les maisons du XIVe siecle.
Sur un rez-de-chaussee eleve en gros blocs de pierre est posee une
cpaisse enrayure de sapin, dont le troisieme rang forme plancher et
deborde sur la face de maniere a porter en encorbellement le pan de
bois du premier, compose sur la face anterieure de trois sablieres
Superposees, jointives, sur lesquelles s'assemblent les montants. Deux
poteaux corniers retiennent les extremites des trois sablieres. Laterale-
ment, des pans de bois ordinaires, bourdes de moellon et mortier, for-
ment murs mitoyens. Sur ce premier pan de bois, un second plancher
en bascule recoit un second etage cgalement en pans de bois, surmonte
d'un comble tres-saillant sur la rue, dont notre figure explique suffi-
samment la combinaison. La saillie du comble sur le nu du mur du
rez-de-chaussee est de 3'250 environ ; la faeade etait donc parfaitement
mise a l'abri de la pluie et de la neige; ces habitations etaient ainsi
appropriees au climat de cette contree, chaud en ete, tres-rude en
hiver. Il est facile de reconnaitre que ces sortes de maisons de bois ne res-
semblent point a celles elevees au nord de la Loire. Il y a la d'autres
traditions et aussi d'autres besoins. Le citadin des villes du Lyonnais
demandait moins de jour et un abri plus efficace. A Annonay, par
exemple, on voulait non-seulement garantir les facades contre les
bourrasques de neige, mais aussi les rues montueuses, de maniere ä
faciliter la circulation des habitants en hiver. C'est qu'au moyen age,
quoi qu'en aient pu dire les detracteurs de cette epoque, le citadin ne
se renfermait pas dans cet egoisme brutal si general aujourd'hui; en
elevant sa maison, il pensait aussi qu'il etait citoyen, il batissait pour
lui et pour sa ville. De notre temps, les reglements de voirie sont eta-
blis pour sauvegarder les interets communs. Alors les reglements de
voirie etaient certainement moins complets et moins prevoyants, mais
chaque citoyen pensait un peu plus a Finteret general et tenait a as-
surer le bien-etre de tous. Or, cette alliance de l'internat general et de
Finteret particulier, comprise par tous les habitants d'une meme ville,
est plus intelligente que ne peuvent Petre les reglements les plus com-
plets et les mieux executes. Au point de vue de l'art, le resultat est
bien autrement interessant. Il en est de cela comme de la charite privee
comparee a la charite publique. Si celle-ci est plus reguliere et peut-
etre plus efficace, la premiere est plus däligate et intelligente. Mais
nous n'avons pas a nous occuper de ce triste cote de notre civilisation
moderne, qui semble avoir besoin d'etre journellement vantee pour se
distraire de comparaisons fächeuses. Revenons a notre architecture
domestique.
Les constructions de maisons par empilages sont mieux earacterisees
si nous nous rapprochons des Alpes. A, Nantua (Ain), on voit encore