Volltext: [Gable-Ouvrier] (T. 6)

MAISON 
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nature, originaux, logiques, francs, sans alliages, veritable enveloppe 
d'une nation pleine de qualites brillantes; ce sang limpide et pur s'est 
coagule de nouveau sous une seconde invasion etrangere. Il a fallu rede- 
venir Romains, et encore sous quels Romains! La symetrie a du remplacer 
la logique; une imitation pale d'un art mort s'est substituee a l'origina- 
lite native de notre pays. Des doctrines faussees, enseignees avec per- 
sistance, ont peu a peu pris racine dans tous les esprits, et l'engouement 
pour un art fastueux que personne ne comprend et que personne n'ex- 
plique, parce qu'il ne saurait etre explique devant des esprits naturelle- 
ment clairs et logiques, a remplace ce goüt inne pour cet art vrai fait 
pour notre taille et au milieu duquel nous nous sentions chez nous. 
La maison du moyen äge, en France, est l'habitation de l'homme ne 
sur le sol.La maison de nos jours est l'habitation banaleuniformement 
confortable; comme si la vie du negociant, ses moeurs et ses besoins 
ressemblaient a la vie, aux moeurs et aux besoins du soldat; comme 
si le logement qui convient a un notaire convenait a une femme a la 
mode. (Jette uniformite, incommode pour tous, a tout prendre, est 
telle que l'homme aujourd'hui voue a une carriere est oblige de se faire 
batir une maison pour lui, s'il ne veut pas chaque jour avoir a lutter 
contre les ennuis et les difiicultes que lui cause le logis banal. Chacun 
est mal a l'aise dans la boite qu'il loue, mais les passants ne voient que 
des faeades a peu pres identiques et qui nous auraient deja fait mourir 
du spleen, si dans notre pays nous pouvions tomber sous l'empire de 
cette maladie 1. 
Mais (et c'est la un motif de ne pas desesperer de l'avenir) ce n'est 
pas de notre temps qu'on a tente pour la premiere fois de mouler, 
dirons-nous, les habitants d'une cite dans des compartiments reguliers, 
alignes, identiques. Les seigneurs, au moyen äge, ne comprenaient 
pas beaucoup mieux que nos edilites modernes les questions d'art, ce 
qui n'a pas empeche la nation de posseder son art. Les Anglais notam- 
ment ne paraissent pas a cette epoque avoir penetre le genie francais; 
et en leur qualite d'etrangers, nous ne saurions leur en vouloir. 
a Dans la seconde moitie du X1118 siecle, temps de paix et de prospe- 
 rite, dit M. Felix de Verneilh 2, un petit coin de l'une des provinces 
a se couvufit rapidement de ces villes neuves appelees bastides dans 
a l'ancienne langue du Midi. Voici par quelles circonstances. Alphonse 
a de Poitiers, frere de saint Louis, etait devenu, par son mariage avec 
a Fheritiere des comtes de Toulouse, le seigneur nominal d'une partie 
l Il faut Gtre vrai, Pexcbs, en France, amäne bicntüt la räaction, et tout porte ä croire 
que les orgies de symätrie auxquelles On s'est livrä depuis le commencement du siäcle, et 
particuliärement depuis quelques annces, conduiront ä un soulävelnent universel contre 
cette facon barbare de comprendre l'art de l'architecture. 
2 Voyez les Annales archdologiques, t. Vl, p. 71. Peu dhrchäologues ont fait, de notre 
temps, des ctudes aussi complätcs et riches de faits que M. Fclix de Verneilli,en ce qui 
regarde les villes du moyen äge particuliärement.
	        
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