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et elle prend la dimension qui convient a cette piece. L'escalier n'est
point cache, mais apparent. La faeade est abritee si cela est necessaire.
La sculpture est rare, mais les planchers sont bons et solides, les murs
d'une epaisseur suffisante. Dans les provinces meridionales, les fene-
tres sont petites; dans celles du Nord, elles sont nombreuses et larges.
D'ailleurs, pour la maison du bourgeois, le programme differe peu.
Toujours la salle a chaque etage, avec escalier interieur, ou plus sou-
vent sur le derriere, avec petite cour. Cela n'est pas confortable pour
nous, c'est accorde; mais cette disposition convenait aux habitudes du
temps ou, moine dans le chateau, la fanzille, dest-a-dire les proches et
les serviteurs se reunissaient dans la meme piece autour du maitre.
Le programme etant donne, les architectes y ont satisfait pleinement,
ce qui nous permet de supposer qu'ils eussent satisfait egalement a
tout autre programme, voire a ceux d'aujourd'hui.
Si, dans une ville du Nord, commereante et populeuse, nous cher-
Chons des maisons construites sur un programme semblable a celui
qui faisait elever colles de Saint-Aintonin, de Cordes, de Sarlat, datant
de 1'230 511300, nous en trouvons quelques-unes a Beauvais, Soissons,
ä Amiens, tres-mutilees, il est vrai, mais qui laissent encore voir leur
systeme de structure. (l'est toujours la grande salle a chaque etage sur
la rue; mais dans les villes du Nord, l'architecture civile est plus large,
plus monumentale. Les maisons se ressentent de l'esprit des com-
munes ayant reconquis leurs privileges. Examinons, par exemple, cette
maison dont on voit encore de beaux fragments dans la rue Saint-
Martin, a Amiens, et qui rappelle par son style les maisons de Beau-
vais et de Soissons de la meme epoque (fig. 9 bis); elle date de 1'230 a
1240, comme celle de Saint-fmtonin. Mais il y a un certain air magis-
tral, dans cette architecture, qui lui donne une superiorite rnarquee
sur celle des villes du Midi. Nous avons retabli le pignon et le rez-de-
chaussee dapres d'autres fragments du meme temps et des memes
contrees, ces parties ayant ete detruites ou moditiees dans la maison
de la rue Saint-Nlartin d'Amiens l.
Cette diiference marquee de style est plus frappante encore lorsqu"on
etablit le parallele entre les habitations baties de pierre dans le Nord,
et celles en grande partie elevees en briques dans certaines villes du
Midi. Voici (fig. 10) une maison de Caussade (Tarn-et-Gzironne); elle
est contemporaine de celle de Saint-Antonin et de celle d'Amiens, et
date du milieu du XIIle siecle. Les bases des piles du rez-de-chaussee,
les colonnettes des fenetres, les bandeaux et les sommiers sont seuls
de pierre dure de Gaylus; le reste de la construction est de brique "l.
' Il existe encore sous cette maison deux dtages de caves fort belles.
' Cette maison appartient 51 M. de Maleville, qui a bien voulu nous promettre de ne point
la vendre ni lu rlätruird. Les boutiques du bas 0m, me bouchäcs ct les fenätres du premier
ätage modiiiäes au Xv" siiacle, mais on retrouve parfaitement le plan et. la forme des fenätres
Pfimitives. Celles des deux eitages supärieurs sont conservcäes.
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