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petite ville de Saint-Antonin (Tarn-et-Garoniie), qui possede une si
belle maison municipale du x11" siecle (Yoy. HÜTl-IL DE viLLn), on voit
encore un assez grand nombre de maisons du xme siecle d'une appa-
rence monumentale 1. Ces maisons sont spacieuses, profondes, posse-
dant des faeades assez etendues, remarquablement construites. Le rez-
de-chaussee est occupe par des magasins ou boutiques; le premier
et le second etage sont occupes sur la rue par une grande salle sur le
devant, avec un escalier et petite salle annexe donnant sur une ruelle,
comme a Monpazier. Voici (fig. 8) la faeade d'une de ces maisons
donnant sur la place de la ville.
Les arcades du rez-de-chaussee servaient de lieu de vente les jours
de marche, ainsi que cela se pratique encore dans beaucoup de loca-
lites. Alors des rideaux etaient tendus sous les arcs pour abriter ven-
deurs et acheteurs. Les grandes salles du premier et du second etage
sont eclairees largement par des areatures continues, qui a Finterieur
forment quatre fenetres separecs par des trumeaux etroits. Au sommet
de la maison, sous le comble, est le galetas oü habitaient les gens, ou
l'on mettait les provisions. On observera que les pieds-droits des feno-
tres du premier et du second etage sont garnis, a la hauteur des nais-
sances, d'anneaux de fer avec crochets. Ces anneaux etaient destines
a recevoir des perches auxquelles etaient fixees des bannes. Cet usage
s'est perpetue dans le midi de la France, enltalie et en Espagne. La
figure 9 reproduit la disposition de ces bannes.
En A, est un des anneaux-crochets scelles dans la maeonnerie. Les
bannes etaient divisees par travees, ainsi que les perches, qui s'em-
manchaient l'une dans l'autre (voyez le detail B). Des perches etais C
soulevaient les extremites des toiles, dont le mouvement et le däverse-
ment etaient maintenus par des eordelles passant dessous, en croix de
Saint-Andre, et venant se fixer par des anneaux aux crochets D. Une
large pente froncee tombait sur le devant, autant pour arreter les
rayons du soleil que pour donner du poids a la partie inferieure de la
banne et obliger ainsi les perches-etais C a rester inclinees.
La petite ville de Cordes, entre Saint-Antonin et Gaillac, a conserve
presque toutes ses maisons qui datent des XIIIB et XIV" siecles et se rap-
prochent, par leur style d'architecture et leurs dispositions interieures,
de celle que nous venons de dccrire. Mais ces villes des bords de la
Garenne, du Tarn, du Lot et de l'Aveyron, etaient profondement penc-
träes de l'esprit communal, ou plutot n'avaient jamais zibandonne
les traditions municipales de Pepoque gallo-romaine; la plupart ont
conserve des restes d'habitations privees qui indiquent une adminis-
IFÄÜOH locale tres-developpfic, une grande prosperite intcrieure, des
4 Saint Louis acheta du comte de Toulouse la ville de Saint-Antonin, moyennant
1500 livres tournois. La maison que nous donnons est un peu postärieure ä Fäpoque de
cette, acquisition.