MAISON
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commencement du xne ne rappelle pas la maison romaine. Les vues
ne sont plus prises, ainsi que dans la maison antique, sur des cours
interieures. mais sur la voie publique, et la cour, s'il en existe, n'est
reservee qu'aux services domestiques. De la rue on entre (lirectement
dans la salle principale, presque toujours relevee au-dessus du sol
de plusieurs marches. Si l'habitation a quelque importance, cette pre-
miere salle, dans laquelle on recoit, dans laquelle on mange, est dou-
blee d'une arriere-salle qui sert alors de cuisine, ou, les jours ordi-
naires, de salle a manger; les chambres sont situees au premier (Stage.
Mais un plan trace nous dispensera de trop longues explications. Voici
donc (Hg. 3) le plan d'une de ces maisons du commencement du xne
siecle 1. De la rue on monte a la salle A par un escalier detourne 2 pre-
sentant un premier palier avec banc, puis un second palier ferme
devant la porte d'entree dont les vantaux sont pleins.
Ce second palier est ou porte en encorbellement, ou pose a l'angle
externe sur une colonnette; le dessous du palier ainsi suspendu sert
d'abri a la descente des caves. Celles-ci sont generalement spacieuses,
bien baties, bien voütees, avec colonnes centrales et ares-doubleaux.
Quelquefois meme ily a deux etages de caves, particulierement dans
les pays vignobles. A cote de la porte d'entree, qui est pleine et ferree
lourdement, est une petite ouverture pour reconnaitre les personnes
qui frappent a l'huis. De cette premiere salle, qui n'est habituellement
eclairee que par une fenetre donnant sur le dehors et par la porte
lorsqu'il fait beau 3, on entre dans un degagement B aboutissant a l'es-
calier en limaeon qui monte au premier eiage, et sous lequel on passe
dans la petite cour D interieure, commune quelquefois a plusieurs habi-
tations et possedant un puits. C'est sur cette cour que s'eclaire Farriere-
salle G servant de cuisine. Au premier, la distribution est la meme; la
pierre du devant sert de chambre a coucher pour les maitres, la salle
posterieure est reservee aux domestiques. Mais ce premier etage est
' D'apres des plans recueillis particulierement en Bourgogne, dans le Nivernais et la
haute Champagne.
f Cette disposition est frequente dans les contrees ou la pierre est belle et abondante,
comme en Bourgogne et la haute Champagne; elle etait adoptee, bien entendu, lorsque les
maisons appartenaient a des particuliers n'ayant pas besoin de boutiques sur la rue. On
voit des restes de ces maisons avec escalier et palier ferme a Vezelay, a Montreal (Yonne).
Nous avons egalement pu reconnaitre ces dispositions dans des habitations de Montbard,
de Semur, de Chätillon-sur-Seine, d'Arc en Barrois, de Chateau-Villain, de Joinville. Il
existe encore des rez-de-cliaussee de ce genre parfaitement conserves dans certaines
villes d'ltalie, et particulierement a Viterhe. (Voyez YArcILitecture civile et domestique de
MM. Verdier et Cattois.)
" L'usage de laisser les portes des rez-de-cbaussee ouvertes dans les temps tranquilles,
et lorsque la temperature nüätait pas trop rude, est un usage antique qui s'est perpetue
tres-tard. Ces portes etaient alors simplement masquees par un rideau. Les vignettes des
manuscrits et les vitraux indiquent toujours ce genre de fermeture,