MAISON
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MAISON, s. f. (blason, Izostel; petite maison : borde, bordel, nbitatfle"). Il
faut distinguer les maisons des villes des maisons des champsnnais
ces dernieres ne sauraient etre confondues avec les manciirs. La veri-
table maison des champs est celle du colon,du paysan, de la famille
attachee a la terre seigneuriale. Quant aux maisons des villes,celles
des seigneurs ont un caractere particulier. Nous les rangeons dans les
palais ou les hotelsl. Il est vrai que, jusqu'au xne siecle, la noblesse
ifhabitait guere les villes, et les moeurs des conquerants du sol des
Gaules se conserveront longtemps chez leurs descendants.
Les habitations des Gallo-Romains ne purent etre modiliees imme-
diatement apres les invasions des ve et vie siecles. Les nouveaux posses-
seurs du territoire ne songerent pas, vraisemblablement, a faire batir
des maisons sur une forme nouvelle, ils occuperont les ziillw romaines;
car, vivant aux champs plus volontiers que dans les cites, s'ils y fai-
saient construire des habitations pour leurs colons ou leurs serfs, ces
maisons devaient necessairement conserver la forme consacree par une
longue habitude.
Dans l'art de l'architecture, la maison est certainement ce qui carac-
terise le mieux les moeurs, les goüts et les usages d'une population;
son ordonnance, comme sa distribution, ne se modifie qu'a la longue,
et si puissants que soient des conquerants, leur tyrannie ne va jamais
jusque tenter de changer la forme des habitations du peuple conquis.
1l arrive au contraire que Penvahisseur se plie, en ce qui concerne les
habitations, aux usages du vaincu, surtout si celui-ci est plus civilise.
Cependant le nouveau venu introduit peu a peu dans ces usages des
modifications qui tiennent a son caractere et a ses traditions; il s'em-
blit un compromis entre les deux principes en presence, et, un siecle
ou deux ecoules, l'habitation laissee par le premier possesseur du sol
s'est peu a peu transformec. Toutefois il ne faudrait pas croire que ces
transformations soient telles qu'elles ne laissent subsister des traces
tres-apparentes des habitudes, et par consequent de la structure pri-
mitive. Des les premiers siecles du moyen age, (fcst-a-dire pendant
Pepoque carlovingienne, la demeure des champs du Franeais prend un
caractere de defense. Quant 51 la maison des villes, occupant un espace
plus etroit par suite de la necessite oü l'on se trouvait d'enceindre ces
villes de murailles, elle dut necessaiirement abandonner dans bien des
circonstances les dispositions etendues a rez-dc-chaussee, pour super-
poser des etages afin de trouver en hauteur l'espace qui lui manquait
en surface. Si les Romains nemployaient pas le bois a profusion lors-
(IÜÜIS COIIStruisaient des maisons pour eux, il est certain que les popu-
lations des Gaules ne cesseront jamais de se servir de cette matiere :
peut-etre donnerent-elles, pendant la domination romaine, une im
portance plus grande aux constructions de maconnerie; mais, sous
f Voyez, pour les hütcls,
la iin
article
sur les maisons
les villes.