LUCARNE
186
des lucarnes. Plus tard on donna le nom de mansardes a ces fenetres,
et l'on litü. Mansart cet honneur de le considerer comme l'inventeur de
ces baies, qui existaient sur tous les edifices publics ou prives du Nord
bien avant lui.
Nous nous occuperons d'abord des lucarnes dont la devanture de
pierre pose sur la corniche, au nu des murs de face. Les X1110, XIVe et
xve siecles nous fournissent un grand nombre d'exemples de ces sortes
de baies qui se composent de deux pieds-droits avec allege et d'un
linteau termine par un gable et un tympan. Ces lucarnes avec face de
pierre sont generalement assez elevees pour qu'une personne puisse
facilement s'approcher de Fallege et regarder dans la rue: leurs baies
sont meme souvent garnies d'une traverse de pierre, comme dans
l'exemple que nous donnons ici (fig. l) 1. Les pieds-droits sont epaules
par deux contre-forts qui leur donnent de l'assiette sur la tete du mur;
de petites gargouilles pourtournent ces contre-forts et rejettent les
eaux des noues dans le chencau A existant entre chaque lucarne et
muni de grandes gargouilles. Le linteau est d'un seul morceau et porte
avec lui les deux petits pignons lateraux. Un second morceau de pierre
forme le couronnement. Les rampants du gable portent larmier devant
et derriere, de maniere a recouvrir le comble d'ardoise B de la lucarne.
Les jouees sont en retraite sur les pieds-droits. Ce genre de lucarnes est
frequent au XIIIO siecle. Quelquefois, mais rarement a cette epoque, les
tympans sont decores et les rampants garnis de crochets. Cependant
ces couronnements des edifices, se decoupant sur les combles, ne tar-
derent pas a recevoir une assez riche ornementation. Il etail; d'usage,
pendant la seconde moitie du X111" siecle et jusqu'au XVIÜ, de pratiquer,
dans les logis des palais et chateaux, des grandes salles sous les com-
bles. On nepouvait eclairer ces salles lambrissees que par des lucarnes
tres-hautes, descendant jusqu'au sol interieur place au-dessous de la
corniche exterieure et interrompant celle-ci. Les charpentes se compo-
saient seulement de chevrons portant ferme, dont les entraits s'assem-
blaient dans les jambettes descendant en contre-bas des blochets
(voy. l'art. ÜHARPENTE, fig. 26). L'importance de ces lucarnes exigeait un
soin particulier dans leur construction,car il fallait que leur devanture
de pierre put se soutenir d'elle-meme, qu'elle reeüt des penetrations
en charpente, et que les filtrations d'eau pluviale fussent evitees entre
la pierre et la couverture. Conformement aux habitudes de hätir des
architectes du moyen age, ces precautions relatives a la stabilite et
a la reunion des materiztux tres-ditfers sont minutieusement observees.
Nous avons, de nos jours, remplace ce soin dans Fetude des details par
des moyens assez grossiers, tels que solins de platre, raccords en zinc;
mais aussi faut-il envoyer sans cesse les eouvreurs reparer les vices pri-
mitifs d'une construction mal etudiee, ou tout au moins, pour terminer
' D'une maison de Beauvais du X1110 siäcle, dämolie aujourd'hui.